Film de Billy Wilder (1953) vu une première fois à la télé il y a longtemps, peut-être à l'adolescence, qui m'avait alors marqué sans pour autant en garder un souvenir précis.

Revu en DVD lors de l'achat et aujourd'hui. C'est indéniablement un bon film mais …

Billy Wilder a réalisé des comédies (Certains l'aiment chaud, Irma la douce, …) et des films noirs (Sunset Boulevard) ; ici, Stalag 17, un film de guerre dans un camp de prisonniers américains vers Noël 1944. Mais un point commun lie tous ces films : la présence d'un certain cynisme ou d'un humour macabre ou encore d'un humour burlesque qui transparait à travers certains personnages ou encore à travers certaines situations.

Le scénario de Stalag 17 évoque donc un moment de vie d'un camp de prisonniers de guerre, des sous-officiers et hommes de troupe américains, aviateurs abattus dans le ciel allemand. L'action se situe à Noël 1944 alors que l'avance des alliés patine dans les Ardennes, suivant les informations clandestines du camp. Le point intéressant du film est qu'il y a un traitre dans le baraquement qui informe les autorités du camp. Le film se double d'une enquête pour démasquer ce traitre. Le film est donc construit autour d'un scénario assez élaboré où les fausses pistes et le suspense ne manquent pas. Parmi les personnages du film, il y a le soldat démerdard et combinard (William Holden) qui attire immanquablement les soupçons de tout le baraquement et qui se fera lyncher …

Justement, parlons-en du personnage interprété par William Holden. C'est le personnage central doté d'un grand cynisme et d'un humour à froid ; tout est bon pour profiter de la situation, peut-être pas pour s'enrichir, quoique, mais pour bénéficier d'avantages, de disposer d'un stock de cigarettes qui est la seule monnaie d'échange du camp. Il attise des jalousies et s'il se met à s'intéresser à ce fameux traitre, ce n'est certainement pas par patriotisme mais pour parvenir à se dédouaner aux yeux des petits copains, prêts à le tuer comme traitre. William Holden est très à l'aise et joue très bien ce personnage ambigu, finalement plutôt antipathique qui va tirer la couverture à lui.

Ensuite, il y a le reste, les personnages et les situations burlesques que Wilder mélange assez adroitement aux aspects plus dramatiques.

D'un côté, il y a les prisonniers qui n'en peuvent plus de passer un nouveau Noël dans le froid et la faim et qui vivent de dérivatifs, de rêves, de pitreries. Certaines scènes rappellent d'ailleurs un peu "la grande illusion" où les prisonniers (de la première guerre mondiale) montaient un spectacle dans lequel ils se travestissaient en femmes.

De l'autre, il y a l'administration du camp avec le sergent nazi attaché au baraquement. Schulz, son nom, qu'on retrouvera dans une série grotesque qui a fait le bonheur d'une certaine télé sous forme de feuilleton dans les années 70 ou 80, je ne sais plus car je regardais ça de très loin avec de grosses pincettes. Le genre de série qui fait paraître les allemands tellement cons que je me demande encore aujourd'hui pourquoi il a fallu cinq ans pour les anéantir avec je ne sais plus combien d'armées alliées et de millions de morts à la clé.

Là, reconnaissons quand même que le sergent Schulz n'est, heureusement, pas aussi grotesque que dans le feuilleton… Il y a aussi Otto Preminger dans le rôle du colonel commandant le stalag. Sous un angle personnel, gageons que Preminger a dû bien s'amuser dans son rôle. En première approche, on a l'impression que ces deux personnages ont un petit côté sympathique alors que ce ne sont que de parfaits tortionnaires cyniques et parfaitement dans leur rôle nazi. Je ne vois pas bien l'intérêt de cette approche pseudo-comique, pseudo-sympa, pas très crédible, qui me gêne plus qu'autre chose.

Au final, je confirme ce que je disais au début de cet avis. C'est indéniablement un bon film mais … j'éprouve un sentiment mitigé.

Les aspects dramatiques, notamment la scène où le traitre est démasqué, sont remarquables. Il en est ainsi de la prestation de William Holden et de la morale "élastique" du film sur le type d'homme qui, finalement, emporte toujours la mise. Ce qui traduit, malheureusement, une bien grande réalité.

Par contre, ce mélange des genres avec les scènes et les personnages burlesques – en excès - me posent un problème qui va finalement nuire à ma perception globale du film.

JeanG55
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Films de guerre - Vingtième siècle et Les meilleurs films de 1953

Créée

le 2 mars 2023

Critique lue 38 fois

5 j'aime

3 commentaires

JeanG55

Écrit par

Critique lue 38 fois

5
3

D'autres avis sur Stalag 17

Stalag 17
mistigri
8

Critique de Stalag 17 par mistigri

En réponse nette à "La grande Illusion", Billy Wilder, transpose une histoire de prisonniers différente mais reprenant les principaux atouts, à la seconde guerre mondiale. Dans un camp de...

le 13 nov. 2010

23 j'aime

8

Stalag 17
Libellool
8

Une version comique de La Grande Évasion

Ce film fait immédiatement penser à La Grande Évasion de John Sturges, sauf que celui-ci adopte un ton beaucoup moins désespéré et se tourne souvent vers le comique bon enfant, grâce à des...

le 6 mai 2014

20 j'aime

5

Stalag 17
Sergent_Pepper
6

Jail safe

Le camp d’emprisonnement est un sous-genre du film de guerre : il dit l’honneur des captifs (Le Pont de la Rivière Kwai), leur humanité (La Grande illusion) ou les voies d’une nouvelle aliénation (La...

le 5 juin 2018

18 j'aime

Du même critique

Le Désert des Tartares
JeanG55
9

La vanité de l'attente de l'orage

C'est vers l'âge de vingt ans que j'ai lu ce livre. Pas par hasard, je me souviens très bien qu'un copain me l'avait recommandé. J'avais bien aimé. Cependant, je n'ai jamais éprouvé le besoin de le...

le 7 avr. 2023

24 j'aime

33

125, rue Montmartre
JeanG55
8

Quel cirque !

1959 c'est l'année de "125 rue Montmartre" de Grangier mais aussi des "400 coups" du sieur Truffaut qui dégoisait tant et plus sur le cinéma à la Grangier dans les "Cahiers". En attendant, quelques...

le 13 nov. 2021

24 j'aime

5

La Mort aux trousses
JeanG55
9

La mort aux trousses

"La Mort aux trousses", c'est le film mythique, aux nombreuses scènes cultissimes. C'est le film qu'on voit à 14 ou 15 ans au cinéma ou à la télé et dont on sort très impressionné : vingt ou quarante...

le 3 nov. 2021

23 j'aime

19