"Enemy at the Gates" se déroule pendant la bataille de Stalingrad, et raconte l'histoire de Vasily Zaitsev, un tireur d'élite russe exceptionnellement doué, qui affrontera un tireur allemand envoyé spécialement pour l'abattre. A noter que si le personnage de Zaitsev a bien existé, la véracité historique de ce duel de snipers a été mise en doute. Mais qu'importe tant le sujet rend bien à l'écran !
Jean-Jacques Annaud signe là un film ambitieux à plus d'un titre. D'une part, car le genre du film de guerre est quelques peu tombé en désuétude depuis un moment à cette époque, même si le succès de "Saving Private Ryan" (sorti 3 ans plus tôt) a commencé à relancer la machine. D'autre part, car les films occidentaux sur le front Est sont très rares ! Néanmoins, le réalisateur embarque son spectateur dès les premières minutes, avec une impressionnante séquence où de fraiches recrues soviétiques découvrent l'abomination de la bataille. S'en suit un film avec une magnifique reconstitution de guerre urbaine, évoquant l'enfer que fut Salingrad. Mais celle-ci reste beaucoup au second plan, le réalisateur préférant mettre en point d'orgue les séquences de duels de snipers, parfaitement maîtrisées et tendues à souhait. Elle fonctionne également car on s'attache aux deux personnages : un humble soldat dépassé par le statut de héros qu'on lui octroie (convaincant Jude Law) et un officier expérimenté au passé douloureux (charismatique Ed Harris, qui joue en nuances). Si les sous-intrigues sont parfois moins intéressantes (notamment le triangle amoureux avec Rachel Weisz et Joseph Fiennes), le scénario en profite toutefois pour tacler la totalitarisme qui fait rage des deux côté, et en particulier le stalinisme écrasant côté soviétique. Ceci renforce le sentiment de désespoir et d'horreur devant une guerre où un camp n'apparait pas forcément meilleur que l'autre, l'important étant finalement le côté humain des protagonistes.