Voir Stalker, c'est comme aller voir un psy.
Avant d'entrer dans la salle, où une lumière inconnue mais apprise t'attend patiemment, tu appréhendes le déroulé des événements. En effet, tu connais la masse du machin, le poids de tes questions combinés, et même la durée que cela va te prendre à constater la consultation. Il suffit que le dialogue ne soit pas noué pour que cette visite vire à la perte de temps. Une fois installé, la consultation peut démarrer : tu te retrouves face à des analyses métaphysiques, répondant à des questions que tu n'a même pas poser, des questions que peut-être même tu ignorais et qui pourtant éveillent ton intérêt personnalisé. Tu écoutes les aventures prétextuelles de ces trois morceaux de viande erratiques, à la recherche d'un espoir d'étincelle de réussite, dans un monde aussi désenchanté que toi. La pièce, sertie d'une dimension esthétique à la mesure des réflexions de son propriétaire, t'enveloppe dans une lumière ambiante à la fois glaciale et voluptueuse. Ainsi, le psy te demandes directement : "Jusqu'où serais-tu prêt à aller avec moi ?". Tu embarques alors dans ses pertinences philosophiques, miroirs de tes névroses et de tes angoisses secrètement morbides, avec la peur au ventre et le regard aux aguets. Bien sûr, la discussion est rocheuse, des termes t'échappent et t’exhortent de son attraction. La lenteur t’exacerbera. Mais est-ce que cette exacerbation est-elle voulue ? Est-elle déclenchée pour te soulager du poids de ton monde agonisant ? La consultation vire à l'expérience sensorielle. Tu sais que tu ne comprendra pas tout. Tu sais que tu reviendra. 2 h 40 après, tu n'a pas tout-à-fait compris tout ce que t'a expliqué ce psy. Tu n'as qu'une seule certitude : une douce douleur, comme une claque froide, qui reste scotchée à ta peau encore quelques heures après, que seul un signe de Vie élimine d'un claquement de cri.