"C'est Adam qui cherche sa Eve, mais qui n'a plus la sève. C'est un esthète qui souffre de l'ingratitude de sa morphologie." dixit Gainsbourg.
Il y a dans Stan the Flasher un peu tous les fantasmes imaginaires ou réel du Gainsbourg esthète, du Gainsbarre provocateur et de tous leurs personnages inventés tout au long de ces 30 années de carrière. Stan est un professeur d'anglais qui donne des cours particuliers aux gamins (et gamines) et évidemment cela lui permet de mater. D'emblée, le ton du film est donné par les premiers mots de Stan en train de dicter la célèbre tirade d'Hamlet. A l'image de cette exposition, le film va foisonner de références artistiques, rappel plus ou moins lointain à ce qui a guidé Serge Gainsbourg dans ces écrits. On trouve entre autre Bossuet (qu'il avait déjà cité dans un morceau) mais aussi un tableau de Magritte, "Le double secret", lourdement mis en avant (et par conséquent un peu anecdotique selon moi) qui est censé montrer implicitement le coté exhibitionniste de Stan. Puis on a aussi un Gainsbourg qui s'autocite un peu facilement (aphorismes, morceau de texte etc).
Il s'agit là d'avantage d'un objet expérimentalo-artistico-littéraire que d'un véritable film de cinéma : tout se mélange sans cohérence un peu comme une huile bon marché et une eau très calcaire. Les ressorts sont grossiers et finalement le coté Flasher de Stan passe à la trappe ; à l'aide d'habiles références, le sujet a été contournés, vous n'avez pas tout compris ? C'est normal ma bonne dame, c'est de l'art !
Non, définitivement je pense qu'il y avait bien plus à faire avec ce Stan, ses forces, ses faiblesses, ses désirs, son humanité. Ce qu'avait réussi Nabokov avec son personnage d'Humbert Humbert dans Lolita est ici platement singé. Le titre du film qui laissait deviner un personnage haut en couleur ne le dévoile que platement tout au long d'un film faussement contemplatif et le Stan exhibitionniste se dévoile lors des dernières minutes du film comme un immonde cliché de lui même.
Déçu, car il y avait matière.