Seulement trois ans après les faits, Bob Fosse se penche sur le destin tragique de la playmate Dorothy Stratten, assassinée par son mari Paul Snider.
"Star 80" ne joue pas la carte du mystère ni du suspense, puisque Snider nous est présenté dès le début avec du sang sur les mains, et le récit va remonter le temps pour comprendre comment cette tragédie conjugale a pu se mettre en place.
Souvent réduit à des seconds rôles, Eric Roberts signe une prestation impressionnante dans la peau de ce personnage complexe, narcissique et névrosé, au cœur du film puisque la personnalité de Stratten apparaît à l'inverse beaucoup plus transparente.
Un rôle idéal pour la blonde Mariel Hemingway, ni d'une beauté à couper le souffle ni très grande comédienne, mais parfaitement crédible dans le rôle de cette fille simple, naïve et loyale.
La mise en scène de Bob Fosse se distingue par une structure narrative et un montage originaux, les évènements nous étant relatés par divers témoins successifs, qui semblent répondre à une interview en aparté - un procédé innovant à l'époque, qui sera repris bien plus tard par Gus van Sant pour son film "To die for", inspiré d'un autre fait divers (également un crime conjugal).
A la fois effrayant dans la peinture de ce show business avide de chair fraîche, et émouvant dans le portrait de cette jeune femme trop candide, l'ultime long-métrage de Bob Fosse est un très bon film qui gagne à être connu, moins superficiel que le milieu auquel il s'intéresse.
A noter qu'avant la sortie de "Star 80", un téléfilm avait déjà été consacré à la tragique histoire de Dorothy Stratten, avec Jamie Lee Curtis dans le rôle-titre.