Dernier film réalisé par Bob Fosse, c'est un biopic sur l'ancienne Playmate Dorothy Stratten, assassinée à 20 ans en 1980 par son mari, Paul Snider., fou de jalousie qu'elle veuille rompre avec lui car elle vivait un grand amour avec le réalisateur Peter Bogdanovich.
La particularité de Star 80 est que l'histoire est narrée du point de vue de Paul Snider, joué par Eric Roberts, qui était un organisateur de spectacles style Chippendales, et qui a eu un coup de foudre pour cette jeune femme alors serveuse dans un fast food. On voit bien que son bonheur passe avant celle de sa future femme, pourvu qu'elle lui apporte de l'argent. C'est le portrait d'un pauvre type, fou de jalousie, paranoïaque quand il savait que Dorothy était chez Hugh Heffner dans son manoir, et qu'elle faisait ses photos pour Playboy, qui lui donneront le titre honorifique de Playmate de l'année 1978. Il faut dire qu'Eric Roberts joue très bien cet homme on ne peut plus veule, ambigu à souhait, qui vit sur le dos de sa femme, à acheter une énorme Mercedes dont la plaque était Star 80, à avoir des fringues assez moches. Alors que Dorothy Stratten, en s'éloignant de lui pour le travail, va découvrir le monde du cinéma, et aussi un réalisateur (nommé ici Aram Nicholas) avec qui elle va avoir une liaison. C'est une sorte de dénonciation des dérives du star-system.
Cette jeune femme, très bien jouée par Mariel Heminghway, représente la Femme dans tout ce qu'elle a de pure, ne serait-ce que par sa blondeur, sa naïveté, son innocence, et son air constamment enjoué, qui représente la chose de son mari. C'est malheureusement lorsqu'elle veut prendre son indépendance qu'elle le paiera de sa vie, une mort horrible qui nous est montrée dans les dernières minutes...
Je ne sais pas le degré de l'histoire par rapport à la réalité, mais le fait est que, à l'exception notable de Peter Bogdanovich qui s'appelle ici Aram Nicholas, tous les personnages ont leurs vrais noms. Ce qui, seulement moins de trois ans après le meurtre, est une forme de vertige qui peut confiner au malaise. Mais c'est assez courant que le cinéma américain n'attende pas 107 ans pour s'emparer des histoires vraies.
Mais là où le film est passionnant, c'est dans son montage éclaté, qui montre des témoignages des proches de Stratten et Snider en flash-forward durant le récit, qu'une interview de la jeune femme qui s'imagine dans le futur, ou alors des flashs subliminaux de ses séances photos pour Playboy.
Comme l'affiche originale du film le montre vraiment bien, c'est une fleur qui ne demandait qu'à s'épanouir ; il y a cette ambiance mortifère qui règne sur cette histoire, car on sent peu à peu le pire arriver au fur et à mesure que Star 80 avance.
De toute évidence, le sujet était taillé pour Bob Fosse, dont la plupart de ses films tournaient autour du spectacle, et tout aussi morbide sot-il, Star 80 montre en quelque sorte l'horreur du décor.