Star Trek, me revoilà ! Je t'avais laissé sur des adieux magnifiques à l'équipe originale… n'est-ce pas ? Je n'en suis plus si sûr, puisqu'après un plan d'ouverture en forme d'hommage horizontal à 2001 (comme dirait le vautour dans Le Livre de la Jungle : AH NON ! TU NE VAS PAS RECOMMENCER ?!), nous voilà réintroduits à trois de ses membres, à savoir James T. Kirk. Montgomery Scott et Pavel Tchekhov, venus participer à l’intronisation de l'USS Enterprize-B. Ah, donc voilà pourquoi ce septième film s'appelle Generations : Kirk et ses compères vont rencontrer la bande à Picard à l'issue de cette inauguration ! Pas vrai ? Eh bien… non. Il n'aura pas échappé aux Trekkies que Picard commande l'Enterprize-D. Et qu’à ce titre, il faudra attendre les dernières vingt minutes du film pour assister à ce fameux choc des "générations" annoncé…


Marketing mensonger ou erreur monumentale de la part de l'équipe du film ? Un peu des deux, ou ni l'un ni l'autre. Difficile à dire. Voilà, c'est le mot : Star Trek VII Generations est le chapitre de la saga dont il m'est le plus difficile de parler. Mes sentiments à son égard sont totalement contradictoires car le film est, à mes yeux, un véritable bordel.


J'avais déjà dit à peu près la même chose à propos de Star Trek V : The Final Frontier – à ceci près que j'estimais que ce dernier était un film globalement mauvais, mais contenant ça et là d'excellentes scènes. Dans Generations, le bon et le moins bon n'arrêtent pas de se succéder, du début jusqu'à la fin. Je tiens cependant à préciser que si certaines séquences de ce septième film sont parmi mes préférées de tout Star Trek, en revanche même les moins bonnes ne touchent jamais le fond creusé par la dance d'Uhura ou les effets spéciaux de Yosemite dans TFF.


Voilà pourquoi il est si compliqué de donner une opinion concise de ce film… cela étant, je continue de penser que ce décalage entre la promesse de l'affiche (son concept de base, pourrait-on dire) et sa concrétisation à l'écran constitue un bon point de départ.


La rencontre entre la figure mythique de la série originale et celle de la "nouvelle génération" ne pouvait en effet que faire saliver le petit monde des Trekkies, tandis que le face-à-face entre deux acteurs aussi différents mais populaires que William Shatner et Patrick Stewart avait de quoi séduire plus d'un cinéphile en général. Alors pourquoi, sur un film de deux heures, ne faire se rencontrer nos deux géants qu'au bout d'une heure et demi ? Leurs scènes ensemble sont excellentes, pas de souci de ce côté-là : Shatner tient son rang face à un Stewart évidemment plus fin et plus subtil, mais sans dénaturer le style plus "over-the-top" qu'il a instillé à son personnage depuis 1966. Tous deux sont bien servis en cela par un dialogue très bien écrit. Je sais que beaucoup de fans détestent la mort de Kirk, effectivement bien moins épique qu'on n'aurait été en droit de s'y attendre, mais en ce qui me concerne cette scène fait son effet, surtout son "Oh, my" final venant en quelque sorte contredire son "it was fun" précédent. Dans son dernier souffle, Kirk se rend compte que cette fois il n'a pas de retour – no Scotty to beam him up! C'est une belle dernière scène pour Shatner, très touchante.


Mais franchement, cela me fait regretter que tout le film n'ait pas consisté en ces interactions entre lui et Stewart, cela aurait donné encore plus d'impact au trépas de Kirk. Et le problème, c'est que ce qu'on nous donne à la place, entre la disparition de Kirk au début du film et leur rencontre dans le Nexus… eh bien, comme je l'ai dit, c'est en dents-de-scie.


Le positif : la séquence d'ouverture dans son ensemble est très intense et très réussie, celle de l'Holodeck est amusante, celle de l'album de famille de Picard très touchante, Soran est un excellent antagoniste, probablement le meilleur sur grand écran depuis Khan. Malcolm McDowell arrive à nous le rendre un tantinet sympathique, sans se départir de l'intensité psychotique qu'il dégage dans nombre de ses rôles. Les séquences d'action sont généralement bonnes, surtout le crash de l'Enterprize. Les effets spéciaux faisaient vraiment des progrès énormes en ce début des années 90.


Le TRES positif : toute la séquence du Nexus. J'ai déjà évoqué la rencontre entre Kirk et Picard, mais c'est surtout le rêve de ce dernier qui en fait tout le sel. Tout, absolument tout est magnifique dans cette scène : l'émotion dans le jeu de Stewart, la chaleur dans celui de Whoopi "Guinan" Goldberg, l'éclairage, les dialogues, la musique de Dennis McCarthy, et surtout, surtout, les enjeux. Confronter ainsi Jean-Luc Picard, homme de devoir, à la perspective d'une vie heureuse en famille, tout ce à quoi il aspire mais que ses principes lui interdisent, alors même qu'il s'agit d'une réalité parallèle, renvoie directement aux questions abordées dans les épisodes classiques "The Menagerie part II" et "The City on the Edge of Forever", entre autres. Qu'est-ce qui fait l'Homme ? Vivre au service d'une plus grande cause, quitte à sacrifier nos désirs les plus profonds, ou vivre dans le bonheur, fut-il virtuel ? Quand on sait que ce thème se retrouvait dès le tout premier pilote de la série originale, "The Cage", on se dit qu'il n'en existe pas de plus "roddenberryesque", de plus Star Trek tout simplement, et c'est tout simplement un régal que de le voir adapté au cinéma, même si les larmes sont garanties. C'est probablement ma scène préférée des treize films ST, et peut-être ma deuxième scène préférée de tout Star Trek après le final de "The City on the Edge of Forever".


Le négatif, maintenant : c'est vraiment bizarre que seul Scotty et Tchekhov accompagnent Kirk à l'inauguration au début du film. Je sais que dans les faits, cela aurait dû être Spock et McCoy, ce qui aurait été suffisant, mais ni Leonard Nimoy ni DeForest Kelley ne trouvaient que cela en valaient la peine, surtout après leurs adieux réussis dans Star Trek VI : The Undiscovered Country. On les comprend, car James Doohan et Walter Koening servent de faire-valoir à Shatner. Le cast de TNG est également à la peine, tendance qui ne se démentirait malheureusement guère durant les trois films à suivre. Data est celui qui se voit donner le plus de temps à l'écran, mais c'est surtout pour faire des blagues stupides. Encore une fois les Klingons sont présents alors qu'ils ne servent à rien. La réalisation de David Carson n'est pas toujours très inspirée et le plan de Soran un peu trop compliqué à mon gout, d'autant qu'il est noyé dans l'un des plus gros travers de ST, à savoir le jargon techno-scientifique à deux francs six sous. D'une façon générale, malheureusement, je dirais que presque tout le milieu du film, depuis le sauvetage de Soran jusqu'à l'explosion de l'étoile véridienne, est assez barbant et sans grand intérêt.


Voilà, au final je dirais que c'est dommage que le film parte un peu dans tous les sens pendant une bonne heure. En réintroduisant Kirk beaucoup plus tôt, en supprimant les Klingons et les scènes de Data, on aurait gagné en efficacité et, qui sait, peut-être aurions-nous eu l'un des tout meilleurs films Star Trek. Mais bon, difficile de trop cracher sur le résultat final. Il suffit juste de prendre son mal en patience lorsqu'il y a du déchet, car la dernière demi-heure en vaut vraiment la peine. Live long and prosper !


*J'ai choisi ce titre en référence à X-Men Days of Future Past, dans lequel le professeur X, joué par Patrick Stewart, se voit confronté à son alter-ego plus jeune, joué par James McAvoy, dans une scène rappelant énormément celle du nexus dans Generations, tant sur le fond que sur la forme – notamment l'éclairage !

Szalinowski
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le 5 déc. 2018

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