Oiseau de proie VS baleinier
Quels sont les ingrédients d'un bon Star Trek ? D'un bon film de SF en général. La crédibilité bien sur, le fait que les éléments de science envisagés soit du domaine du possible, de l'envisageable. Qu'ils ne soient pas un prétexte pour apposer le label SF sur n'importe quelle production utilisant un semblant de vaisseau spatial, d'alien ou d'une quelconque technologie hypothétique. Pire, que ces éléments de science ne soient que l'instrument de sauvetage d'une impasse scénaristique comme c'est souvent le cas. Un film de SF crédible évite normalement tout ces écueils. C'est aussi ce que la saga Star Trek tente de maintenir depuis sa création.
Malheureusement en presque 50 ans d'exploitation, Star Trek n'a pas toujours su résister à la tentation de succomber aux gadgets scénaristiques qui sauvent, propre au genre SF. 90% de la saga Star Trek est exempt de défauts et s'est efforcée d'être la plus crédible possible, la plus logique dans le déroulement de son histoire. Mais parfois, au détour d'une mauvaise journée, il arrive que certains épisodes fassent entorse à crédibilité de la série. Ainsi des épisodes "mémorables" tels que le Cerveau de Spock dans la série d'origine, Ombres dans TNG ou Genesis dans VOY se servent allégrement du prétexte SF pour conclure une histoire mal écrite à la base. Donnant d'improbables navet discréditant totalement la série.
Alors, lorsqu'un Star Trek au cinéma se laisse un peu aller à utiliser les grosses ficelles de la SF qu'est-ce que cela donne ? Eh bien figurez-vous que contre toute attente c'est un succès, et même l'un des meilleurs épisodes au cinéma. Retour Sur Terre est sans doute l'un des Star trek les plus proches du public, le plus concret. Au détriment de la SF, il offre une histoire que chacun peu aborder sans être amateur de la série ou même de science fiction. Le contexte même du voyage dans le temps et du choc des cultures entre 23ème siècle et 20ème siècle année 80 permet des situations assez cocasses et compréhensibles par tous. Le tout appuyé par la connivence de l'équipage de l'Enterprise. Voir Chekov avec son accent russe demander à un flic, en pleine guerre froide, où se trouve les bateaux à propulsion nucléaire... Scotty utilisant la souris d'un Mac comme micro pour parler à l'ordinateur ou voir Spock apprenant à utiliser les gros mots humain. Il y a dans ces situations du Star Trek qui s'auto parodie et en oublie le sérieux et la crédibilité des précédents épisodes au cinéma.
Au revoir l'IA, l'eugénisme et la terra- formation trop "Star Trek" des précédentes aventures. Place à un voyage dans le temps auquel on ne crois pas une seconde. A des petits détails qui tuent comme le début du film lors de la plaidoirie de l'ambassadeur Klingon. On y revois l'explosion de l'Enterprise comme au cinoche. Le public de la salle de procès revois les images de L'Enterprise explosant dans l'espace, mais qui filme ces images hein ? Il y avait des caméras dans l'espace juste à ce moment ? Sans parler de ce vaisseau étrange venu tailler le bout de gras sur terre avec des baleines que toute la science et la haute technologie du 23ème siècle n'a pas réussie à cloner. Bref, tout ca manque de sérieux pour du Star Trek.
Malgré tout ca marche, on se marre devant ces situations étranges, anachroniques. De voir chaque membre d'équipage effectuer sa mission avec les moyens du bort de ces primitives années 80. Le film n'est d'ailleurs quasiment pas daté puisque le retour dans le temps aux année 80 (ST IV est de 1988) confronté au design 23ème siècle "efface" les coiffures horribles et les fringues douteux de cette époque.
Nous avons au final avec Star Trek IV un film délivrant un message écolo, certes un peu mièvre. Mais derrière cette histoire bancale se servant de l'univers de Star Trek comme prétexte, nous avons un film plutôt drôle, écrit avec assez de distance pour que les fans de Star Trek ne se sentent pas trop outrés. Même si clairement cet épisode abandonne la qualité de réalisation et d'écriture des précédents. Star Trek IV est similaire au reboot d'Abrams ou la science fiction n'est qu'un accessoire au service du spectacle et du plus grand nombre. Faisant fi de toute crédibilité, Star Trek IV s'ouvre à un plus large public sans trop décevoir ses fans. Et puis c'est bien connu, il n'y a que dans les oiseaux de proie Klingon que l'on fait les meilleurs voyages dans le temps !