Et évidement contre L'Attaque des clones il s'est bien fait marave : Star Trek Nemesis, c'est l'échec commercial qui a participé à la fin de la franchise. Quand on à qu'un seul clone à opposer à toute une armée, ça pouvait pas bien finir.
Sorti en 2002 alors que la dernière série de l'age d'or Enterprise avait conclu sa première saison, ce film a quelque chose de différent de ses prédécesseurs. Il n'a pas été confié à l'équipe de la série : le script est écrit par John Logan et réalisé par Stuart Braid, monteur chevronné qui n'avait réalisé que deux films d'actions à ce moment là ; tous deux sont étrangers à la franchise. Mais ce qui doit réellement faire la différence, c'est sa date de sortie : décembre 2002, un an après l'attentat du 11 septembre 2001 et vous savez ce que ça veut dire : le repli vers les valeurs familiales – le mot est énoncé de manière impromptue par Picard à quelques reprises – la protection du foyer – cette fois c'est la Fédération qui est attaquée et le film prend un tour plus guerrier avec plein de combats à mains armées – et le ton plus « réaliste » et « sombre » - la photographie n'est plus colorée, elle est crade, obscure, en un mot dégueulasse et c'est jusque là le film Star Trek le plus laid visuellement.
Nemesis a été estimé comme il se devait à sa sortie : c'est un ratage. Le sénat Romulien (sénat ? La prélogie Star Wars est donc bien passée par là !) subit un coup d'état par Shinzon. Qui est Shizon ? Rien de moins qu'un plan d'espionnage abandonné par les Romuliens : un clone du capitaine Picard, une photographie de lui dans sa jeunesse. Un postulat intriguant certes, avec en sus une relation père-fils potentiel entre lui et Picard. Mais c'est hélas grignoté par un script qui s'éparpille dans une multitude de sous-intrigues inutiles. Y'en a une d'un goût douteux qui voit Troi subir un viol mental avant de se « venger », elle n'a aucun lien thématique avec le reste, c'est une intrigue parasite.
Data a aussi son intrigue où il retrouve un prototype de lui-même, Proto en VF, qu'il voit comme un frère... En vérité un appât planté par Shinzon. Ça a beau avoir un lien thématique avec le double Picard/Shinzon, leur relation n'est même pas esquissé. C'est d'ailleurs un fait, il y a des tas de personnages convoqués, et certains n'ont de personnalité que celle que le scénario leur donne selon ses besoins. C'est particulièrement frappant pour les Romuliens soutenant le coup de Shinzon dont le personnage le plus important passe de femme séductrice à combattant honorable sans transition. Ils soutenaient Shinzon pour garantir une politique plus violente contre la Fédération, ils retournent d'un coup leur veste alors qu'il leur donnent ce qu'ils voulaient. C'est de l'écriture mécanique aux détails poreux.
Moore et Braga connaissaient trop la série, John Logan ne la connaît que peu, car sous sa plume les personnages sont plus caricaturaux. Data perd sa puce émotionnelle qu'il avait acquis dans les précédents films, il ne prend pas le temps de justifier la présence de Worf qui n'est plus censé être dans l'équipage - ce qu'avaient fait les deux précédents films.
Et puis il y a de l'action. Beaucoup, beaucoup d'action. De l'action à tout va qui occupe trop de temps d'écran. Voilà Star Trek qui multiplie les affrontements armés dans un esprit plus guerrier maintenant que les États Unis ont décidé de faire du terrorisme leur nouvel ennemi juré. Il y a un long passage inutile où Riker se bat dans les entrailles de l'Enterprise contre un adversaire à peine esquissé.
Sous tout ce fatras, le duel entre Picard et Shinzon est trop pauvre. Le script oublie le plus important, qui est de structurer le récit autour de leur opposition. Sa relation avec Picard n'occupe qu'une faible place, au point que le capitaine se trouve mis de coté. Le film est trop fasciné par Shinzon lui-même, qui se veut un personnage complexe avec un passé d'esclave et une envie de revanche dévorante... Ça et le fait qu'il veuille baiser Troi, détour inutile. Ses motivations sont absurdes, puisqu'il n'a aucune raison de vouer une haine contre la Terre ; alors que brille par son absence son envie de se venger des Romuliens, qui l'ont réduit en esclavage lui et tout son peuple d'adoption. C'est un méchant ennuyeux qui balance des répliques pompeuses, incohérent dans ses motivations et inutilement compliqué. Ce qui devrait être une opposition forte entre deux hommes qui voient en l'autre un miroir déformé d'eux même est complètement inexistant, malgré quelques scènes intéressantes mais insuffisantes.
Tout ça c'est la marque d'un script inachevé et brouillon, une V1 carrément. C'est assez étonnant quand on voit qu'il a été tourné 4 ans après son prédécesseur, qui lui n'avait eu besoin que de deux ans pour proposer un déroulé d'une grande fluidité.
Tout au plus garde-t-on deux petites séquences visuelles impressionnantes, l'éperonnage de l'Enterprise contre le vaisseau des antagonistes et l'Enterprise touché en pleine passerelle qui perd une partie de sa coque, seulement protégée du vide par le bouclier. La mise en scène n'est pourtant pas plus extraordinaire que les précédents films Picardesque, la lumière plus crue et froide étant en outre pas spécialement agréable.
Star Trek essaye de rester Star Trek après 2001, et c'est pas fameux. C'est là-dessus que se terminera la saga cinématographique classique, et la série préquelle Enterprise verra sa flamme mourir en 2005 à sa quatrième saison.
Et donc c'est Star Wars qui a gagné. Avec L'Attaque des clones.