Défendre la Prélogie : une entreprise qui peut sembler difficile, voire même impossible, non pas parce qu'elle manque de qualités mais parce qu'elle suscite un déferlement de haine, de mépris et d'indignation aussi inégalable qu'immérité.
Contexte :
Star Wars a dépassé depuis longtemps le stade de simple saga cinématographique et même de saga culte pour devenir un véritable phénomène de société. Cela explique sans doute en partie les réactions disproportionnées qui surgissent dès que l'on évoque cette saga et dont la Prélogie de George Lucas est bien trop souvent victime. Pourtant, si l'on veut bien se donner la peine d'essayer, il ne semble pas si difficile de défendre la Prélogie.
La Musique de John Williams :
C'est un point qui n'occasionne que peu de débats et apparaît donc comme un point de départ idéal. Les films Star Wars et la musique de John Williams sont étroitement liés, à tel point que l'on imagine difficilement cette saga sans John Williams. Pour la Prélogie, il a su créer trois bandes-originales d'une grande qualité non seulement en reprenant les thèmes de la première trilogie mais aussi en composant de nouveaux morceaux s'intégrant parfaitement à l’atmosphère et à la mythologie Star Wars. Il compose d'ailleurs pour chacun des films prequels un « grand thème » qui marquera l'Episode (Duel of the Fates, Across the Stars et Battle of the Heroes). C'est un exploit qu'il semble malheureusement incapable de reproduire pour la nouvelle trilogie de Disney...
Force Mystique et Mythe Jedi :
Il a beaucoup été dit que la Prélogie annulait le côté mystique de la Force, pourtant, au contraire, elle semble renforcer le mythe Jedi et l'aspect mystique de la Force. Cette critique vient notamment d'un élément introduit dans l'Episode I : les midi-chloriens. Ce sont des symbiotes, dont la densité dans le sang indiquerait un lien puissant avec la Force. Cet élément a conduit à dire que l'élément mystique de la Force disparaissait au profit d'une explication scientifique justifiant le lien avec la Force par le sang.
Il est cependant tout à fait possible d'interpréter ce nouvel élément en conformité avec l'idée d'une Force mystique : au lieu de considérer que ce sont les midi-chloriens qui sont à l'origine du lien avec la Force, ne pourrait-on pas considérer que c'est le lien avec la Force qui entraîne la multiplication des midi-chloriens ? Ainsi, plus un individu renforcerait ce lien avec la Force plus les midi-chloriens proliféreraient. Ils seraient alors une manifestation physique d'un lien mystique avec la Force.
Le Mythe Jedi est également renforcé dans la Prélogie par la présence de l'Ordre Jedi et de son Conseil. Il l'est aussi par la représentation des affrontements au sabre laser, esthétisée à l'extrême et permettant de mettre en avant le fait que seul un Jedi peut maîtriser parfaitement cette arme iconique.
Jar Jar Binks :
Passons rapidement sur ce qui est sans doute le personnage le plus détesté de la saga (et sans doute plus encore). On reproche à ce personnage d'être particulièrement énervant, mais c'est ce qu'il est aussi pour les autres personnages ! C'est ce qu'il est censé être. (« The ability to speak does not make you intelligent. » « Don't do that again. »)
Cohérence et Enrichissement de l'Univers :
George Lucas a créé, avec sa Prélogie, une trilogie cohérente et qui sait dans quelle direction elle évolue (contrairement à Disney, qui semble avancer dans le noir le plus complet) mais aussi, une trilogie qui sait s'insérer parfaitement à la Trilogie Originale, faisant de son hexalogie dans son entier une œuvre cohérente. Mais, Lucas sait aussi enrichir son univers en y ajoutant de nouvelles planètes qu'il ne se contente pas d'utiliser comme toile de fond mais qu'il fait vivre en nous faisant découvrir de nouveaux peuples, de nouvelles races (souvent aliens, nous donnant ainsi réellement l'impression de voyager dans une galaxie), de nouvelles cultures (justifiant ainsi les différences de design entre la Prélogie et la Trilogie Originale. De plus, il semble utile de rappeler que le design des clones et de leur équipement rappelle fortement l'Empire qui succédera à la République dans les Episodes IV à VI.)
Autre ajout qui a fait grincer des dents, la politique, qui semble pourtant essentielle à l'évolution de la saga et qui la rend plus sérieuse, plus adulte, et permettant à Star Wars de dépasser le simple film d'action/aventure. La politique permet de mettre en place la Trilogie Originale en racontant l'arrivée au pouvoir de l'Empereur et la chute d'un régime démocratique vers un régime autoritaire. Palpatine prévoit ainsi l'invasion de sa planète natale, qui lui permettra à la fois de provoquer l'éviction de son prédécesseur du fait de son incapacité à gouverner et de bénéficier d'un vote de sympathie lui permettant d'accéder au pouvoir. Une fois en place, il contribuera à la création d'une armée, créant ainsi une guerre dont il contrôle les deux camps. Il installera ensuite le doute vis-à-vis des Jedi, justifiant ainsi leur destruction, puis, mettra fin à la guerre, régnant ainsi sur une galaxie unifiée.
Lucas fait encore une fois preuve de cohérence en ce qui concerne l'évolution du personnage d'Anakin : on sait, dans la Trilogie Originale, qu'il s'agit d'un ancien Jedi ayant basculé du Côté Obscur et qu'il est père de deux enfants. Lucas a donc créé un personnage instable, impulsif et facilement influençable , qui se laisse aisément dominer par ses émotions. Il lui a donné la possibilité, grâce à sa romance avec Padmé, non seulement d'avoir des enfants, mais aussi de basculer et de renier son engagement envers les Jedi. Cela, par peur de perdre celle qu'il aime mais aussi du fait de la perte de sa mère et de l'influence du Chancelier, mise en place dès l'Episode I. C'est donc une longue chute, dépeinte tout au long de la Prélogie qui aboutira au personnage de Dark Vador tel que dépeint dans la Trilogie Originale.
Numérique, Fonds Verts et CGI :
S'il y a bien un reproche qui revient très souvent à l'encontre de la Prélogie, c'est celui de l'usage récurrent de fonds verts et d'effets spéciaux numériques. Mais reprocher cela à George Lucas, c'est mal connaître le personnage et l'idée même des films Star Wars. En effet, Lucas a toujours voulu utiliser pour ses films, y compris la Trilogie Originale, les dernières technologies disponibles en matière de cinéma, voire même, les pousser plus loin (l'Episode II, présenté Hors-Compétition, devient ainsi le premier film projeté au format numérique au Festival de Cannes lors de la 55ème Edition).
Cette longue critique touche ici à sa fin et j'aurai fait de mon mieux pour défendre cette Prélogie que j'aime profondément et dont l'Episode I aura été mon premier contact avec la saga Star Wars.