La Galère des étoiles

(Légers spoils.)

Sept ans après le rachat de Lucasfilm par Disney, l'heure est venue de tirer un premier bilan. Une fois l'annonce officialisée, j'ai souvenir d'une vague d'inquiétude venue des fans, appréhendant des productions édulcorées et surtout la transformation de la saga en vache à lait.
Sept ans après, les chiffres parlent pour eux-mêmes : une série, trois jeux vidéos et cinq nouveaux films ont été produits et d'innombrables autres demeurent en projet. Parmi ces films, puisque c'est ce qui nous intéresse, seul Rogue One a su tirer son épingle du jeu et faire consensus auprès des fans. Pour ce qui est de la dite 'postlogie', les avis divergent mais restent dans l'ensemble largement négatifs.
Après un septième volet décevant et un huitième qui est allé jusqu'à m'agacer, je n'attendais rien de ce neuvième film si ce n'est de clore une trilogie boiteuse qui n'aurait jamais du exister. Grand bien m'en fasse.

Le film est totalement erratique, on nous projette le traditionnel texte de début et on comprend immédiatement qu'on va se retrouver au cours d'un immense bordel. 'Les morts parlent' Wtf?
Abrams expédie donc tout en quelques minutes, faisant fi du dernier film et sans jamais vraiment expliquer quoi que ce soit. Le retour de Palpatine (teasé en avant-première alors qu'il aurait pu avoir un rôle clé et présenter un twist majeur dans le film) est à peine explicité, Snoke ? Idem. J'ai rarement eu autant l'impression de voir un film qui avance à grand renfort de Deus Ex.Machina et de paresse scénaristique ('comment tu as su qu'il fallait faire ça?''Boah, une intuition.')
Je sais que la saga SW n'a jamais brillé de par son réalisme mais là on nage en totale incohérence
: des pouvoirs régénérateurs, des héros qui survivent à des coups de sabre, des résurrections à la pelle..
La structure même du film est bordélique à souhait, tout va à toute vitesse, enchaînant les planètes, situations, et scènes d'action sans présenter quoi que ce soit. Je n'ai ainsi pas réussi à mémoriser ne serait-ce qu'un nom des nouveaux personnages, qui se révèlent de toute manière largement inutiles et ne servent que de prétextes à faire avancer le scénario. Les anciens personnages, visiblement détestés par J.J sont eux inexistants et relégués à des rôles de figurants (Rose, Hux.)
Les scènes d'action parlons-en, alors même que la prélogie a été largement critiquée, elle avait pour avantage de proposer des batailles ahurissantes et des chorégraphies au sabres magnifiques. Même Rogue One proposait des batailles splendides. Ici - comme dans l'ensemble de cette nouvelle trilogie - rien de tout ça. Malgré quelques rares bonnes idées (la relation Rey/Ren et les batailles à distance)le tout reste sans saveur malgré une volonté constante de créer de l'héroïsme et d’impressionner. Les combats au sabre sont intenses mais peu graphiques, les batailles spatiales sont incompréhensibles et les fights annoncées comme grandioses sont ridicules . Ainsi, les 'chevaliers de Ren', aperçus durant tout le film sont expédiés en 30 sec. La bataille de fin est elle, aussi épique qu'une charge de gilets jaunes sur les Champs Elysées. Les rares bonnes idées sont issues de l'univers étendu (les croiseurs qui émergent de forge stellaire dans Kotor, l'utilisation de la force contre le vaisseau par Starkiller dans le pouvoir de la force) et demeurent mal exploitées.

Aussitôt visionnée, aussitôt oubliée, cette trilogie s'achève donc sur une note amère, où le spectateur demeure pris en otage entre deux réalisateurs qui se servent de leurs films pour s'adresser des doigts d'honneur en détruisant constamment ce que le collègue aura entrepris de créer. Il reste désormais urgent à Disney de se rattraper et de changer son fusil d'épaule. Même si le potentiel marketing de la saga demeure immense, les fans tournent davantage le dos à cet univers à chaque fois qu'ils se sentent insultés par le géant américain qui les noie de productions indigestes estampillées Star Wars en lieu et place d’œuvres cohérentes et bien écrites. Bien que fortement dubitatif, j'ai envie d'y croire.

Que la force soit avec Disney .