Une belle blonde achète un thermos à une vieille dame dans un vide-grenier alors qu'elle souhaite y dénicher des meubles pour arranger sa chambre. Elle a une petite carrière florissante dans le porno, tout comme le couple qui l'héberge : une amie droguée et son copain producteur. Ce thermos représente le point d'encrage du film. En réalité, il contient une importante somme d'argent et, notre blonde, se sentant redevable, va tout faire pour rendre la vie de sa bienfaitrice plus joyeuse...
Si Starlet de Sean S. Baker ne brille pas par sa mise en scène simpliste et sa caméra qui oscille entre plans fixes et plans arrangés par Lars Von Trier bourré, le scénario est plus approfondi qu'il n'y paraît. Pour vous donner un ordre d'idée, il y a un film qui s'appelle Frances Ha, sorti la même année, qui lui ressemble étrangement. J'ai trouvé Starlet très ressemblant à beaucoup d'égards. Dans les deux films, on suit le quotidien parfois touchant, parfois drôle, d'une jeune femme (blonde qui plus est) avec beaucoup de caractère et même une certaine touche d'excentricité. Les deux se battent pour vivre une vie qu'elles se façonnent elles-mêmes.
La relation très atypique de Jane et Sadie (les deux femmes du film) va prendre de l'ampleur au fil du récit et nous offrir de jolis moments de complicité marqués par le choc des cultures, des générations et surtout cet apport à l'autre dans chaque action. Les nombreuses ellipses concrétisées par des plans très brefs favorisent le grand déballage de la routine qui paraît plus supportable quand une nouvelle personne entre dans notre vie. Que ce soit pour une bonne ou une mauvaise raison, donner de l'attention à quelqu'un (Sadie, Jane) ou à un animal (Starlet) fait toujours plaisir aux deux parties. Cette reconnaissance, ce rapport à l'humain observé tout au long du film, plus ou moins égoïste comme avec son amie enfermée dans une logique malsaine, est une belle idée bien défendue par le réalisateur. Tous les protagonistes se servent des autres pour être heureux, exister ou souffler un peu. C'est d'une tendresse et d'une justesse très fortes.
Si les scènes se déroulant dans le monde de la pornographie (tout de même très amateur) forment de nombreux contrastes importants pour appréhender tous les ressorts de l'histoire, je regrette tout de même une scène de sexe pas franchement primordiale et un rythme assez inégal. Dree Hemingway (oui, elle a bien un lien de parenté avec Ernest Hemingway) est remarquable et sans surjouer, arrive à nous faire passer beaucoup de ressentis. La fin est bouleversante.
Je vous invite à découvrir cette belle lueur de vie.