En 1982, le terrifiant The Thing de John Carpenter se prenait une rouste au box-office par un autre alien, bienveillant celui-ci, imaginé par Melissa Mathison et Steven Spielberg. Ayant bien compris que le public souhaitait dorénavant des spectacles plus optimistes, Big John prenait sa revanche deux ans plus tard en acceptant la proposition du producteur Michael Douglas de mettre en scène le script de Starman, acheté par la Columbia quelques années plus tôt au détriment de... E.T. the Extraterrestrial. Le film connaîtra un beau succès et aura même droit à une série télévisée.
Particulier dans la carrière de John Carpenter, Starman est clairement une commande que le metteur en scène aura exécuté pour conserver un certain statut à Hollywood suite à l'échec de The Thing. Pour autant, Starman est loin d'être torché négligemment, bénéficiant d'un soin particulier apporté à sa mise en scène. Comme à son habitude, Carpenter prend son temps, afin de bien poser ses enjeux ainsi que ses personnages, et d'instaurer une ambiance lancinante et mystérieuse.
D'un point de départ digne d'un roman de gare à l'eau de rose, John Carpenter et ses scénaristes parviennent à transformer Starman en road-movie mélancolique et furieusement romantique, plus amer que merveilleux. Evitant soigneusement toute niaiserie en faisant appel à une certaine poésie et à une tension permanente renforcée par la superbe partition de Jack Nitzsche, le film doit beaucoup à son couple vedette, personnages paumés et meurtris, magnifiquement campés par Karen Allen et Jeff Bridges.
Certes mineur dans la carrière de John Carpenter, Starman n'a cependant pas à rougir et reste une commande exécutée avec talent et honnêteté par un cinéaste s'essayant momentanément à quelque chose de moins sombre, de moins pessimiste.