Les jolies colonies de vacances…
Short Term 12 est un film que l’on pourrait penser banal, dans son traitement du fond comme de la forme, mais empreint d’une magie culinaire toute particulière où la créativité et la guimauve américaines se marient parfaitement au naturalisme et au cynisme européens. Il en résulte une œuvre qui derrière son apparente simplicité dissimule habilement toute une pléthore de thèmes sans jamais tomber dans l’overdose.
Ceci dit, le film est construit sur une thématique centrale de la parentalité, faisant office de pilier autour duquel de multiples histoires viennent se greffer. Certaines d’entre elles versent sans doute trop facilement dans le pathos, mais l’ensemble est tellement bien ficelé qu’il serait malvenu de juger ces segments pris individuellement. C’est aussi la principale force du long-métrage, qui malgré un contenu parfois hétéroclite arrive à former un ensemble cohérent et fini. Une sensation renforcée par un script maîtrisé de bout en bout et des prestations particulièrement solides de la part des acteurs.
Le plus gros reproche que je pourrais adresser au film porte sur l’aspect technique. Non pas que celui-ci soit raté (bien au contraire), mais à certains moments, à trop vouloir bien faire, le réalisateur prend le risque de stériliser son œuvre. Aussi féru de technique que je puisse être, je reste persuadé que la forme ne devrait pas parasiter le fond, au risque de déstabiliser le message du film, ce qui est parfois le cas ici, quand le réalisateur persiste à utiliser une caméra à main levée afin de produire une esthétique mockumentary que je ne trouve pas judicieuse personnellement. Mais la force du scénario est telle qu’une fois immergé dans cet univers difficile de prêter attention aux tics visuels et autres bizarreries, malgré tout très présents. Un peu plus de légèreté sur ce point aurait permis de mettre davantage en valeur l’écriture, mais je suis français, j’adore pinailler.
Attention cependant, Short Term 12 reste un feel good movie, avec sa dose académique de bons sentiments, ce que les plus bougons pourraient ne pas apprécier. Mais ce serait bouder son plaisir. Sa grande force, je le répète, c’est de réussir à ancrer dans son récit des éléments plus sombres sans que l’ensemble ne paraisse déplacé ou à côté de la plaque. Malgré quelques petits temps mort, le récit parvient à maintenir tout du long la sauce douce-amère et à la rendre digeste avec cela, ce qui est loin d’aisé. Et pour une fois je trouve l’adaptation du titre français plutôt bien trouvée, puisqu’elle reflète bien le contenu du film par un double sens pas bête du tout (je continue de penser que les distributeurs qui adaptent un titre anglais par un autre titre anglais méritent une bonne baguette d’aubépine claquée sur le cul). Le seul problème est que le long-métrage sortira sans doute durant la mauvaise période dans nos contrées, ce qui l’empêchera sûrement de bénéficier de toute l’exposition qu’il mérite. Wait & see.