Le film oscille entre introspection, moments graves, tranche de vie et immersion dans la vie quotidienne d'un foyer. L'accueil d'un nouvel éducateur dès le début du film est le prétexte à un rappel de la raison d'être (motto) du personnel encadrant: ni parent, ni psychologue, pas trop copain, ni trop ami, on remarque très vite le caractère précaire du lien unissant les éducateurs à ces ados dont la durée du séjour fluctue. De l'autorité mais un recul nécessaire, du relationnel certes mais avec cette distance nécessaire.
On suit donc dans ce film le quotidien de Grace (l'excellente Brie Larson), sorte de routine partagée entre effacement au profit des pensionnaires, pauses propices à la narration d'anecdotes et prise en charge de ces ados (suivi personnel, médical...).
L'intérêt de ce film réside donc dans la manière qu'a Grace de concilier vie privée et vie professionnelle, comment faire en sorte de ne pas se faire télescoper ces deux sphères, les faire coexister...aussi, le film dévoile petit à petit la personnalité de Grace, sa propre histoire...
Sans verser dans le discours moralisateur, ni même dans la victimisation, ce film se détache par son souci de s'attacher à l'histoire de chacun des protagonistes, leurs personnalités, à leur quotidien ordinaire mais qui cache dans bien des cas des fêlures bien plus profondes qu'on le croit.