Steve Jobs était pétri de contradictions. Ce film aussi. C’est ce qui les rend, l’un et l’autre, passionnants. Ecrit comme une pièce de théâtre par Aaron Sorkin, le génial scénariste (il avait écrit The Social Network pour ­David Fincher) fait de Steve Jobs (le fondateur d'Apple, pour faire court, décédé en 2011) un de ces monstres fascinants et terribles comme le cinéma les aime. Le concept permet de raconter l’évolution de l’homme tandis qu’à travers sa mise en scène et les changements de formats (16 mm, 35 mm, numérique) et d’identité musicale, Boyle évoque celle de différentes époques à savoir les années 1984, 1988 et 1998...


Oubliez donc qu’il s’agit d’un biopic. Le scénariste imagine la vie du créateur 2.0 comme une tragédie shakespearienne en trois actes, où le génie de l’informatique et du marketing est imaginé comme un roi fou, ivre de pouvoir et de reconnaissance. La première impression est vertigineuse. Jubilatoire, la partie de ping-pong verbal à laquelle se livrent Steve Jobs et son assistante permet à Aaron Sorkin de raconter à nouveau l’ivresse de nos époques numériques où les mots et les concepts deviennent des armes de destruction massive...


La grande idée, c'est d'avoir choisi Michael Fassbender pour incarner Steve Jobs. Ses grands sourires francs, son charisme, son côté sexy-sympa contribuent à faire ressortir la dualité du personnage, provoquant à la fois chez ceux qu'il ne cesse d'abaisser et de blesser une haine tenace et un dévouement indéfectible. Le comédien livre probablement sa plus grande performance, devant Shame et 12 years a Slave. C’est simple, il ne tente même plus de ressembler à son modèle. Sa présence scénique est magnifiée par une sélection d’acteurs de haut vol, Kate Winslet en tête...


Dans ce cyclone de mots, d’images, de prestations d’acteurs à couper le souffle et dans cette hybridation permanente du théâtre et du cinéma, Danny Boyle retrouve sa fascination pour les anticonformistes qui, de défis un peu arrogants en prises de pouvoir sur le récit même d’un film, façonnent leur propre légende. Brillant et généreux !!!

Yoann_Carré
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le 4 mai 2016

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Yoann_Carré

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