Il aurait pu sembler affreux de voir Park Chan-Wook et son cinéma OVNI débarquer fraîchement à Hollywood avec des choix d'acteur aussi improbable (Nicole Kidman et son jeu d'acteur toujours identique qu'elle interprète la maman terrifiée dans Les Autres, une danseuse burlesque dans Moulin Rouge, ou une vilaine méchante dans A la croisée des monde... Mia Wasikowska, qui a toujours ce même air paumé/ténébreux/impénétrable et qui s'est SURTOUT faite reconnaître par Monsieur Burton pour son oeuvre boudée Alice au Pays des merveilles, on se rassurera tout de même en voyant que le brun lui va beaucoup mieux !!!).
A voir la bande-annonce (avec laquelle j'ai du m'assommer au moins une quinzaine de fois en me disant que Chan-Wook avait du cacher un quelque chose de précis...) il aurait pu semblé que tout était joué d'avance et que l'histoire était plutôt simpliste. Mon souvenir de Old Boy (revu il y a peu) me laissait un goût pourtant si rafraîchissant, il en allait de même avec Lady Vengeance, le merveilleux Thirst ou l'ovni Je suis un cyborg... Il fallait donc que je le vois.
Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant tout d'abord le générique. Bon personnellement les films qui débutent avec leur scène de fin me répugnent de plus en plus (à croire qu'il est trop complexe pour un réalisateur de commencer par le commencement...), mais le discours d'India est intrigant et surtout le fait d'utiliser les lignes des éléments des images comme direction pour le casting : en voilà une idée ravissante !
S'en suit alors du vrai BEAU cinéma. Des plans extrêmement travaillés, des images subliminales amenant le spectateur à mieux percevoir les envies du réalisateur, des mouvements de caméra millimétrés, des images superbes, du sens caché dans les différents objets : du cinéma beau certes mais qui permet de réfléchir aussi.
Il est rapporté dans certaines critiques que j'ai lues que ce film manque de "violence" ou de "brutalité". Nous n'avons donc pas du voir le même film. Alors oui, oubliez LA fameuse scène du marteau de Old Boy et ses effusions sanguines. Là c'est de la violence psychologique et surtout la violence engendrée par le passage à l'âge adulte. Et on s'en aperçoit par beaucoup d'éléments vraiment intéressants (les chaussures bien évidemment, les cheveux, les tenues, la façon de parler et de se laisser approcher par exemple...).
Le travail effectué par le réalisateur semble empreint d'une maturité et d'un nouveau souffle assez intéressants, peut-être un peu trop étrange pour nos amis américains peu habitués du cinéma coréen, on ne pourra qu'apprécier ce petit bijou en tant que fan de Park Chan-Wook...