Dans les Park ou dans les Chan, rien n'égalera jamais le concert de Wookstok(er) !
Pour sa première réalisation occidentale, Park Chan-Wook nous a concocté un petit drame intimiste au sein de la famille Stoker. Richard vient de décéder et cette nouvelle bouleverse sa femme (N. Kidman) et sa fille (M. Wasikowska, mot compte double) mais à l'occasion des funérailles elles vont faire la connaissance de Charlie (M. Goode), le frère du défunt. Ce dernier débarque de nulle part dans leur vie et ne laisse pas les deux femmes éplorées indifférentes. Par ailleurs, d'étranges évènements surviennent en même temps que Charlie prend ses aises dans la demeure de son frère...
Je ne développerai pas d'avantage l'intrigue car cette dernière doit être découverte par le spectateur, d'autant plus qu'elle fait la part belle aux interprétations. Le scénario est écrit par Wentworth Miller (le héros tatoué de Prison Break) et comporte pas mal de zones de d'ombre. Les pistes sont souvent brouillées et au fond je pense que chacun y verra ce qu'il a envie d'y voir. Certains crieront à la tartuferie, d'autres au génie. Pour ma part c'est ni l'un ni l'autre. L'intrigue se laisse suivre et je me suis fait ma propre interprétation de l'histoire. Et au final je l'ai appréciée pour ce qu'elle est; un drame familial qui brille par sa réalisation et le jeu de ses acteurs.
Le papa d'Old Boy (oeuvre appartenant à la Trilogie de la Vengeance) nous livre ici un petit bijou de réalisation. C'est peut-être un peu prétentieux dans la forme mais personnellement j'ai totalement adhéré. Certains plans sont totalement gratuits, pour ne pas dire inutiles, mais je ne peux m'empêcher de leur trouver un charme indéniable. Tout comme j'ai été emporté par l'ambiance générale qui émane des lieux et des personnages. C'est à la fois sombre et mélancolique mais aussi glauque et onirique. Ca crée un vrai malaise difficilement descriptible. On ne sait pas sur quel pied danser et ce sentiment se voit encore renforcer par la prestation du trio d'acteurs.
Je ne m'attarderai pas trop sur N. Kidman qui persiste et signe à nouveau dans le registre de la "mono-expression" mais pour une fois son visage figé colle bien à l'atmosphère. M. Goode, lui, est juste troublant. Il est parfait dans son rôle de l'Oncle Charlie qui s'éSheen (...) à jeter le trouble à la fois sur le récit mais également dans l'esprit du spectateur. Une excellente prestation. Mais qui n'a absolument rien à envier à celle de M. Wasikowska, ici bien plus convaincante que dans Alice. Mais comme dans le film de Burton, elle fait des merveilles. Personnage central de ce Stoker, elle est parfaitement utilisée par P.C. Wook qui arrive à la mettre en valeur à travers des plans somptueux. Son personnage d'India m'a un peu rappelé celui de Lydia (W. Ryder) dans Beetlejuice; Pas pour la sonorité dans son nom mais pour son coté sombre et doucement tourmenté. En tout cas sa prestation m'a réellement convaincu.
Stoker est donc un film qui m'a tapé dans l'oeil pour son ambiance, sa réalisation et la prestation de ses acteurs. De plus la bande son signée Clint Mansell (si vous aimez les musiques d'ambiance, je ne peux que vous recommander d'écouter ce qu'il fait) est en parfaite harmonie avec l'univers et le morceau signé Nancy Sinatra pourrait à lui seul résumer le film tant il lui convient bien. Enfin je pense qu'il ne faut pas trop s'attarder sur les multiples facettes (ou pas) du scénario et qu'il faut se laisser porter par l'univers intimiste et doucement dérangeant orchestré par Park Chan-Wook qui, pour moi, réussit son entrée dans le cinéma occidental.