En visionnant Stoker, je n’arrêtais pas de me répéter « Ça me fait étrangement penser à l’Ombre d’un Doute », et à raison, car après vérification le film s'inspire bel et bien du long-métrage d’Alfred Hitchcock, L'Ombre d'un doute. En résumé : "Un oncle mystérieux nommé "Charlie", vient passer quelques jours dans la maison de son "frère/soeur" et commence à lier un lien étrange avec sa nièce dont leurs ressemblances sont très troublantes."


Stoker écrit par Wentworth Miller (improbable me direz-vous ?), pourrait presque être un remake tant les points communs avec son prédécesseur sont frappant mais si différent à la fois, là où le film d’Hitchcock était d’avantage dirigé sur le film noir à énigme qui s’arrête surtout sur l’intrigue. Le film de Park Chan-Hook est plus dirigé vers un thriller qui flirte avec le genre horrifique, en somme un film plus sombre, plus sanglant et qui creuse d’avantage la noirceur des personnages. Je pourrais presque dire que Stoker et l’antithèse de L’Ombre d’un doute. En effet, dans le film du maître du suspense, Charlie (fille) et tout de suite ravi de l’arrivée de son oncle et est immédiatement très proche de lui, une relation fusionnelle presque incestueuse éclos entre les deux personnages. Ce n’est qu’après la découverte que son oncle serait un potentielle assassin que leur relation vole en éclat et que Charlie (fille) essaye de faire tomber son oncle, malgré son étrange connexion avec lui. À contrario, dans le film du metteur en scène coréen, la jeune India se méfie de son oncle dès sa première apparition et va entretenir une relation extrêmement froide et distante avec ce dernier, mais India va découvrir assez rapidement la vraie nature de Charlie et va être malgré elle être attiré par lui, une relation également incestueuse et malsaine va se tisser entre les deux personnages libérant par causalité la vraie nature d’India. Park Chan-Hook ne s’abstient pas non plus d’intégrer à son long-métrage plusieurs références provenant du film d’Hitchcock, comme le plan iconique de l’oncle Charlie se tenant en haut des escaliers tel un faucon guettant sa proie, là où dans Stoker c’est India qui se retrouve en haut de ces mêmes marches guettant son oncle tel du gibier, une inversion des rôles légitime lorsque l’on connaît l’issue de l’histoire.


Park Chan-Wook ne cessera jamais de me surprendre, que ce soit dans sa mise en scène ou dans la composition de ses plans, qui sont tellement parlant qu'un grand silence pourrait suffire à la compréhension de ses films. Et c’est bien ce qui fait la force de Stoker, car bien que le scénario ait des allures simplistes au premier abord, le film est en réalité rempli de symbolique et de subtilité de mise en scène, qui transforme un scénario aux apparences banal en quelque chose de bien plus profond. Je ne peux que saluer les nombreuses séquences marquantes, comme celle du piano entre India et Charlie qui par leur doigté nous font comprendre toute la complexité de leur relation, les bouches ne parlent pas, mais les notes du piano oui, cela accompagné d’un montage et d’un jeu d’acteur qui fait ressortir tout l’érotisme de cette scène. Je suis tombé amoureux, non pas de Park Chan-Wook car ce dernier m’a déjà séduit depuis bien longtemps. Non, j’ai craqué pour Mia Wasikowska, qui m’a complètement envoutée dans ce film, sa performance, son côté marginal et mystérieux me faisant penser sur certains aspects au personnage de Mercredi dans La Famille Addams, donne un personnage complexe, sensuel et terriblement attirant.


Stoker est vraisemblablement les fleurs rouge que l’on voit au début du film, mais comme nous le montre la fin, ces fleurs étaient avant tout blanche, Park Chan-Wook et Wentworth Miller ont su asperger de sang le film original d’Alfred Hitchcock, révélant ainsi une version plus sombre, sanglante, qui nous questionne sur notre vraie nature et qui peut nous faire comprendre que l’on ne choisit pas ce que l’on est, mais c’est en l’acceptant que l’on devient libre.

IOSMaker
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le 20 mai 2023

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