Et bien moi j'ai aimé. Mais alors vraiment.
Le film est loin d'être porté aux nues par les notes et critiques ; néanmoins, c'est l'une de mes belles découvertes de l'année 2013. Le pitch est pourtant d'une simplicité totale. Une histoire de frère caché, de la vengeance, du meurtre de psychopathe, les secrets de familles non, décidemment le scénario n'a pas cherché à faire d'ans l'originalité absolue. Et, pourtant, ça fonctionne.
L'une des premières clé réside dans le jeu du trio central. Je ne suis pas dans leurs têtes mais j'ai perçu un réel plaisir à évoluer devant la caméra. Kidman est impeccable et assez jubilatoire dans son rôle de mère finalement assez demeurée. Figée dans son botox elle est ridicule ce qui convient parfaitement à cette bourgeoise de mère. Que ne faut-il pas endurer pour entrer dans un rôle ! Matthew Goode dispose d'un vrai charisme froid et son personnage parvient à être intéressant même si son cadre a été largement exploré dans d'autres oeuvres. Mais voilà, par un regard, par un silence, Goode s'impose comme l'une des clés de voûte de la réussite de ce film. Et puis arrive Mia Wasikowska. Je la connaissais à peine. Ce rôle d'adolescente un poil dangereuse semble avoir été écrit pour son visage, pour ses regards, pour ses crispations. Là encore, rien de neuf sous le soleil, il y a du Dexter au féminin ou le portrait d'une énième ado névrosée de film d'horreur. Pourtant, là encore, ça fonctionne très bien.
Mais cette jolie palette d'acteur ne pourrait justifier à elle seule ce joli 8. Non, ce qui fait la différence c'est le travail du cinéaste. Certains plans sont justes incroyables au regard de la masse usuelle. Ces cheveux qui se font blés dans lesquels on chasse entre père et fille, ce visage qui en un quart de seconde se retrouve derrière une vitre, comme si India était en réalité une Pisacha, ces silences, ces transitions froides ou langoureuses oui, définitivement Park Chan-wook a livré une copie de haute volée. Le classique devient envoûtant, l'hollywoodien se charge du meilleur des influences asiatiques. Parfois ça devient lourd, certains effets peuvent agacer, j'en convient, mais Park va au bout de son trip et assume. J'aime ça.
Cet éveil quasi hitchcockien à la vie d'adulte pour une adolescente un poil touché, ce grand méchant loup, ce rite initiatique, ce sexe qui se gorge de violence, et bien j'ai vraiment aimé. Le complexe d'Oedipe transpire très vite et c'est d'autant plus jouissif que ce dernier ne repose pas sur grand-chose, à commencer par l'histoire d'Oedipe lui-même. Là il faut lire, par exemple, les travaux de Vernant sur le sujet pour décortiquer ce qu'un travail d'historien peut apporter sur la question. Une ambiance à découvrir, bien lourde, jubilatoire et, disons le clairement, digne d'un bon vieux plaisir coupable vénéneux.