Les Crados Le Film

𝑆𝑡𝑜𝑝𝑚𝑜𝑡𝑖𝑜𝑛, premier long-métrage de Robert Morgan, s'inscrit dans le cadre classique de l'artiste torturé sombrant dans la folie. Malgré un concept prometteur sur le papier, le film déçoit par une exécution maladroite, transformant ce qui aurait pu être une immersion fascinante dans l'esprit tourmenté d'un créateur en une accumulation d'images dérangeantes et d'idées mal exploitées.

Aisling Franciosi incarne Ella Blake, une animatrice cherchant à achever le dernier projet de sa mère, une légende du stop-motion. Ce drame familial aurait pu ancrer un récit psychologique puissant, mais 𝑆𝑡𝑜𝑝𝑚𝑜𝑡𝑖𝑜𝑛 s'enlise dans les clichés : hallucinations, confusion entre réalité et fiction, et l’apparition d’une mystérieuse petite fille. Ce qui aurait dû être une montée progressive dans l'horreur devient une succession prévisible de scènes sans véritable enjeu.

Le problème principal réside dans le manque de nuance du scénario. On a l'impression que le seul but est de montrer des images sordides, sans chercher à construire un récit solide qui témoignerait de l'évolution du personnage. Les éléments horrifiques se succèdent sans impact, laissant une impression de vide. Même les séquences en stop-motion, bien que visuellement intéressantes, ne compensent pas un récit dépourvu de tension durable. L'exploration de la folie artistique, au lieu d’être captivante, vire à l’exercice de style sans substance.

Seule Franciosi parvient à donner un peu de relief à son personnage, offrant une prestation qui sauve légèrement l’ensemble. Elle incarne avec une certaine conviction une femme en quête d’émancipation, mais ses efforts sont contrecarrés par des dialogues fades et une intrigue qui tourne à vide.

Au final, 𝑆𝑡𝑜𝑝𝑚𝑜𝑡𝑖𝑜𝑛 échoue aussi bien comme film d’horreur psychologique que comme réflexion sur le processus créatif. Il s’épuise à vouloir choquer avec des images dérangeantes, sans jamais nous immerger réellement dans son univers. Tout reste en surface, et le film laisse un goût d'inachevé, malgré de bonnes intentions initiales.