SUBLIME est un film modeste dans son ambition, son récit et son image mais fait partie de ces longs métrages sensibles et très beaux sur l’adolescence. A l’instar de CLOSE de Lukas Dhont, le film fait le magnifique portrait d’une amitié fusionnelle et décomplexée entre deux jeunes adolescents : ils partagent leur avis sur tous les sujets, du plus métaphysique au plus insignifiant, sont décomplexés dans leur manière de parleur de leurs rêves, leurs amours, leurs relations sexuelles avec les filles, se donnent un coup de main lorsqu’il s’agit d’avoir leur première fois avec ce van dans la forêt. On les voit sérieux, bourrés, épris de liberté, dormant chez l’autre, très intimes, mais aussi au sein d’un groupe qui les protège et les fait s’épanouir : un groupe de rock avec leurs copains. Le réalisateur porte beaucoup d’attention aux répétitions avec l’émulation du groupe, sachant filmer l’euphorie d’ados obsédés et possédés par la musique.
On sent une vraie symbiose de ces quatre amis. Le film va, comme dans CLOSE, poser un regard doux sur la naissance du désir du héros pour son meilleur ami, ne fait pas de son orientation sexuelle le sujet du film, ne néglige pas les deux autres membres du groupe même si le duo central est toujours à l’écran. Le jeune héros est entouré de gens bienveillants, qui ne jugent pas sa relation (déjà très tactile en tant qu’amis) et la transformation de cette relation. La vraie question du film est bien la nuance et la frontière entre amitié et romance, avec une très belle conclusion. Certes, le film ne révolutionne rien, avec cette image solaire, ces dialogues délicats propres aux teen movies. Il a aussi tendance à tourner en rond dans sa deuxième moitié, plus portée sur le drame et la rupture de l’amitié entre les deux héros mais se ressaisit dans sa dernière partie avec un concert qui étudie et lance des pistes sur la proximité entre les deux ados, parfaitement incarnés par deux jeunes acteurs prometteurs : Martin Miller et Teo Inama Chiabrando.