Je souhaite sincèrement que toute personne désirant se prendre une belle tartine émotionnelle en pleine figure se lance dans Searching for Sugar Man sans avoir la moindre idée du sujet de ce documentaire porté par un sujet en or massif. Si je n'avais pas su à l'avance le "dénouement" de cette histoire, je pense que je me serais pris une claque retentissante. Donc si vous n'avez pas vu la bande annonce, pas lu le résumé, n'allez pas plus loin et foncez.
Pour ceux qui ont vu la bande annonce, spoilant à mort le dénouement, c'est bien dommage mais ce n'est pas une raison pour ne pas voir ce documentaire qui s'écoute autant qu'il se regarde (la musique est globalement sublime), habité par le charisme démentiel de ce chanteur disparu, égaré, Sixto Rodriguez, sorte de saint moderne, porte drapeau à son insu du mouvement (blanc) anti-apartheid en Afrique du Sud.
Le souci principal de Searching for Sugar Man, c'est le portrait complètement hagiographique qui est dressé de ce chanteur tombé dans l'oubli par les divers intervenants, tous ou presque la larme à l'oeil, jusqu'à l'excès. C'est d'autant plus paradoxal qu'il est constamment rappelé qu'on ne sait RIEN du bonhomme. Et si le final finit par conforter le propos distillé à coups de massue tout du long, passer une heure à nous expliquer à quel point Sixto Rodriguez est incroyable au sens premier du terme est un peu lourd. Une fois apparu à l'écran, en quelques mots, en une posture, il est évident pour le spectateur que Sixto Rodriguez est hors norme, ça suffit. On ne demande plus qu'une chose, passer plus de temps avec lui.
Searching for Sugar Man" est beau à regarder, délicieux à écouter, parfois pesant à ruminer son propos jusqu'à le rendre presque putassier. Son final balaye cependant toutes les imperfections du début et grave une magnifique émotion dans le spectateur qui peut difficilement ne pas être conquis.