Bien ancré dans l'histoire japonaise, le suicide a malheureusement toujours fait parti du quotidien nippon. Du kamikaze dévastateur au désespoir contemporain, tout en n'oubliant pas l'honorable hara-kiri, cet acte ultime n'a aujourd'hui plus rien de choquant à l'instar de bouffer de l'animal de compagnie.
Dans Suicide Club, il est intéressant de voir que le suicide n'est pas la représentation d'un mal, mais plutôt d'un remède. Un remède d'une peur de l'avenir, dans un Japon toujours plus en crise, à travers une fausse sociabilisation par une action commune si bête soit-elle. Action qui permet d'aller vers un avenir tout de suite moins flou, loin du stress ambiant. Si le discours est louable et intéressant, ce qu'en fait Sion Sono est bien différent, le noyant dans l'artifice de différents calibrages, et donc le gâchant «au mieux».
Dès la première scène, le suicide est extravagant de trash. Il est représenté comme un jeu naturel où le «dernier level» se fait sans stress, presque pour le «lol». Et c'est bien là le problème, tout est mal emmené, tout semble instinctif que ce soit de l'écriture à la mise en scène, presque bâclé. Chose que Sono rectifiera au mieux pour Requiem for Noriko, mais qu'est ici très brouillonne.
Les dialogues se révèlent pauvres, sans grand intérêt et aussi bateaux que la photographie pour un naufrage visuel. Il en va de même pour le récit et son suspens digne de téléfilm du dimanche après-midi de TF1 en mode «Oh les plombs ont sauté alors que j'étais en stress. Oh lolo j'ai eu peur. Oh la lumière réapparaît et il y a quelqu'un en face de moi qui me fait peur alors qu'il est gentil». C'est le spectateur qui pète les plombs avec cette tension artificielle. Le traitement est toujours dans l'exagération constante, bien loin du naturel, avec notamment cette passion pour le gore, qui aurait pu être un minimum fun avec des dialogues adéquat, plutôt que d'avoir un mélange raté entre Thriller, Frisson, Drame et Lol xd je vais en parler à mes potes de Dofus après.
Quand le film ne rentre pas dans une case, il est quasiment toujours meilleur. Sauf que là il veut rentrer dans plusieurs cases, on dirait que Siono avait son idée, et qu'il la transformait tantôt en horreur, tantôt en thriller, tantôt en drame social suivant l'inspiration. Car Suicide Club, Sono le dit lui-même, est le fruit de sa colère contre la société, une colère instinctive, irréfléchie qui aboutit à un résultat sans harmonie entre les idées. Il s'aventure partout (influence des jeunes par la mode du suicide, par la mode des chanteuses) pour se perdre en plein milieu du film qui était jusqu'à alors «passable» pour perdre volontairement ou non le spectateur dans un semblant de parodie entre The Rocky Horror Picture Show et films d'horreurs japonais merdiques.
Si le message final est propre et bienvenue pour le Japon, il est d'autant plus sympa qu'il ne juge pas et ne sombre pas dans la facilité de «c'est la faute d'internet». Malheureusement des questions auraient mérité d'être traitées comme «Que faire quand il n'y a pas de criminels mais des actes désespérés et voulus ?» ou «Comment s'organise ce genre de clubs ?». Car là, voir des flics abrutis mis en scène d'une façon digne des pires nanars avec cette scène de métro où tout le monde a une gueule de «vivement que je saute pour me suicider», ça craint. Et les faux twists font pitiés.
En définitive, à l'instar de «Mail me», chanson pourrie que tout le monde écoute dans le film, Suicide Club n'est jubilatoire que pour son public de puceaux. Si les japonais écoutent sans cesse ce style de musique, il est logique qu'il y ait des vagues de suicides. Cette musique est le fruit du démon. C'est elle qui pousse au drame. Donc maintenant, nous sommes ici en France, donc faites gaffes quand vous écoutez du Louane s'il vous plaît. Ne faites pas de conneries.