Show must go home
Le grand bouleversement qui a terrassé l'industrie du divertissement, au cours de ces 30 dernières années, tient en deux points. La fin d'une certaine possibilité d'émerveillement serait presque...
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le 3 août 2016
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Je pense que personne n'a véritablement compris l'ambition démente de Suicide Squad, le film le plus grotesque d'une saga DC Comics d'ores et déjà vouée aux gémonies... En effet, tout est dans le titre, "SS" est véritablement un naufrage collectif, un suicide à l'écran, (presque) en direct. C'est la raison pour laquelle une Amanda Waller avariée décide conjointement avec Flag Jr. la génération d'une équipe de nazes qui bastonne mieux que des commandos de Marines ou de Navy S.E.A.L.s (pas difficile par ailleurs...) mais se font chopper dans le prologue lumineux - à base de flash-backs - du film. Et ne croyez pas que j'utilise l'épithète "lumineux" dans son sens positif - il s'agit en fait sommairement de l'exploitation supposément néo-punk des néons fluo, style "retro 80s" parce que ouais, j'ai lu le comic de Frank Miller sur Batman et j'ai trouvé ça super cooooool.....
Les 15-20 premières minutes du film sont paradoxalement les plus réussies, dans le sens où elles constituent la seule originalité du film... En effet, les amateurs des héros et anti-héros DC s'attendaient probablement à de l'humour noir, du second degré sur la mort, des décès en cascade... Il n'en est rien. A l'issue de quelques scènes cucul-la-praline (Deadshot et sa fifille, Harley Quinn la bad good girl), l'espoir est malheureusement tari... La mission-suicide n'est en fait qu'une forme de rédemption grotesque sous forme de pseudo-combat désespéré face à des hybrides sac à main croco - moules vertes géantes en images de synthèse repoussantes (ouais Ayer a aussi dû lire Swamp Thing et faut préparer la sortie du prochain Justice League Dark...) qui autrefois étaient humain(e)s... Puis, final censément apocalyptique contre une reproduction CGI de cyber-job dans Lawnmower Man II... en moins bien !!! Ce, dans un premier temps, bien sûr, puisqu'il faut par la suite affronter l'entité multidimensionnelle appelée l'Enchanteresse, qui possède le pouvoir de détruire à distance des armées entières, des flottes de portes-avions, des satellites militaires, de se téléporter, voire de disparaître dans les limbes interdimensionnelles, de s'immiscer dans les pensées et les songes de ses victimes (donc télépathie = pouvoir de lire dans l'esprit...) mais se fait baiser lamentablement par une machette et une charge de TNT activée au bon moment par une bastos du sharpshooter de service, id est Will Smith.
L'histoire est des plus décousues avec des subplots grotesques - tentatives de libération par un Joker merdeusement campé par un Jared Leto semble-t-il tout juste sorti d'une séquence full ganja de Requiem for a Dream... Apparitions de Batman alimentant la propagande de la saga Justice League genre "et ouais les mecs nous aussi on vous promet une bataille titanesque genre Darkseid dans les prochains épisodes..." La photographie du film est globalement à dégobiller, l'on passe d'un plan à l'autre par enchaînement type diaporama... Les motivations, la psychologie des personnages sont laissées au rencard pour laisser la place à une action pathétique, dont le rythme désarçonnant alterne entre mass fight et scènes de beuverie stupide dans un bar d'hôtel alors que les éclairs foudroient dans le ciel (seul effet spécial spectaculaire du film en dehors du corps de Margot Robbie dans la scène d'habillage en punkette - vieille ficelle déjà utilisée de façon encore plus ridicule dans Star Trek).
J'ignore quels sont les séides de Warner qui ont pu vanter l'interprétation grotesque de Jared Leto en Joker et la comparer au Laughing Man des années 1920 ou au regretté Heath Ledger; son psychotique nappé de sauce gangsta est pour moi plus atroce encore que celle de Cesar Romero dans la série des années 1960... Je ne parlerai pas de l'interprétation pitoyable de Cara Delevingne - à sa décharge le personnage est tellement stupide et dépourvu des tourments psychotiques de l'Enchanteresse du comic que c'en est pathétique... Will Smith saves the day mais se retrouve en fait dans son standard du héros badass au grand coeur, soit une progression plutôt nulle par rapport à Men In Black (certes supérieure à l'affreux navet After Earth néanmoins...). Le personnage d'Harley Quinn est relativement fidèle à celui du comic, si ce n'est le côté sexy un peu trop prononcé (même si effectivement la dernière série US de comics qui lui est dédiée joue sur cette corde sensible du lectorat masculin américain). Je n'évoque pas les autres par charité chrétienne, encore que Joel Kinnaman a le mérite de tenter l'impossible en s'escrimant à tenter de faire vivre son personnage si caricatural et débilitant qu'il n'y parvient en fait jamais...
Suicide Squad n'est même pas impressionnant au plan des effets visuels, ce qui est tout de même navrant; il en arrive à être moins néo-noir et gothique que Batman vs Superman, alors que précisément c'était là l'objectif... A moins qu'effectivement le but du réalisateur de cette bouse ne soit la ruine de ses producteurs et le triomphe de l'ennemi juré Marvel, dont les films n'ont rien d'exceptionnel par ailleurs mais parviennent toutefois à être distrayants du fait d'un bon dosage humour-action-sentiments-science fiction. En l'occurence, le mélange dans le cas de la saga DC est plutôt explosif, du genre de ceux qui pètent à la gueule et vous font une face de Killer Croc...
Créée
le 5 août 2016
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