Septième Art et demi
Une production d'envergure étonnante pour un drame français. De telle envergure en fait que cela le disqualifie de l'adjectif "normal". Qu'est-ce que le normal ? Le film revêt trop d'habits pour laisser la liberté au spectateur de lui prêter un rôle : film universitaire dans l'âme (des deux côtés de la caméra), c'est aussi une tragédie classique à coups de coups durs, une plongée dans le patrimoine armoricain (ne lisez pas "américain" même si dans l'idée vous n'auriez pas tort !) où l'on sent que des détails tentent de pousser à leur avantage : la culture et la langue bretonnes sont des aspects dont on sent qu'ils ont été bridés, mais aussi, bizarrement, la pédagogie timide du personnage du professeur qui nous fascine par sa personnalité autant que par ses sujets pourtant hors-sujet à la base : la perspective et le symbolisme antique dans l'art... des réflexions apparemment inutiles qui trouvent toutefois un écho puisque l'œuvre n'est pas en reste pour semer quelques graines d'art elle-même.
Si les dialogues se veulent avant tout naturels - ce à quoi aident énormément les acteurs -, ils contiennent (comme quelques plans) de gros bouts de poésie. Tel un fruit d'une réflexion inédite, ce film n'est réellement contenu dans aucune des définitions que j'ai employées ou même lues ailleurs. Ayant souligné le doigté de la mise en scène - cette dernière, avec l'écriture, sont deux outils de pointe donnés gratuitement au visionneur pour créer ses propres parallèles, rapidement innombrables -, il ne reste plus qu'à dire deux choses : quand on fait un scénario non linéaire, il est préférable d'en avertir le spectateur (c'est heureusement sans trop de dommages) et... c'est trop long pour ce que c'est !