Eté 1977, les Etats-Unis et New-York sont frappés par une vague de canicule inédite et par une vague de terreur provoquée par un tueur en série qui dans la nuit tire sur des jeunes couples ou sur des femmes brunes.


Basé sur des faits réels, l'affaire David Berkowicz, surnommé le fils de Sam, car il croyait qu'un chien millénaire incarnation de Satan et nommé Sam lui ordonnait de commettre ces meurtres.


Nous sommes alors aux débuts de la vague disco, mais aussi dans une moindre mesure de celle du mouvement punk. Dans le Bronx, quartier majoritairement italo-américain populaire où les traditions restent patriarcales, homophobes et peu enclines aux comportements déviants, Richie un jeune issue de cette communauté, revient après quelques mois d'absence avec un look punk qui suscite les commentaires et les apriori de ses anciens camarades.


La tension qui monte comme le thermomètre et échauffe les esprits, l'attitude étrange de Richie selon les critères réacs du Bronx d'alors, la récompense promise par le parrain du coin à quiconque mettrait la main sur ce tueur, face à qui la police semble impuissante, des accusations mensongères et des délations basées sur rien de concret sinon des opinions finissent par convaincre le groupe que Richie est le fils de Sam. Ils se mettent alors à sa recherche.


Spike LEE s'écarte de ses thèmes habituels centrés autour du racisme, de la misère et de la délinquance qui touchent la population noire, pour nous plonger avec le même style très brut et direct, la même mise en scène nerveuse dans cette histoire qui a tenu New-York en éveil, mais aussi tout le pays. Il y développe aussi un regard sur l'évolution des moeurs qui touchait la ville à cette époque, depuis la libération sexuelle, jusqu'à la drogue en suivant le couple formé par Vinnie, un autre natif du quartier et de Dionna, tiraillé entre ses pulsions et son désir d'aventures et la tradition du mariage, qui finira par voler en éclats face à la réalité du changement de la société.


Au casting, si chacun des acteurs et actrices restent dans des registres et des niveaux de performances corrects, ce sont surtout les prestations brillantes de John LEGUIZAMO en être tiraillé entre son quartier et ses habitudes, ses fantasmes sexuels, sa vie dissolue et son cousin Richie et celle habitée et folle de Adrien BRODY en jeune punk, pas si paumé qu'on le croit et qui sert de bouc émissaire au détriment de la tolérance et de l'acceptation des différences, ce qui finalement concorde avec les thèmes fétiches du réalisateur qui sont à retenir.


Une fresque sans concession d'une époque à la croisée des chemins, encore enlisée dans une tradition mais déjà reléguée au rang d'histoire, qu'un tueur sociopathe précipitera sans ménagement dans la décennie suivante. Une chorégraphie féroce et farfelue du New-York de la fin des années 70 durant un été où la chaleur de l'enfer s'était immiscé dans le quotidien.

Spectateur-Lambda
7

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le 4 oct. 2022

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