A la vision de certains long-métrages, et ils sont assez rares, on rêverait d’être à la place des protagonistes ou mieux, avec eux. Vivre ce qu’ils vivent, partager leurs moments et faire partie intégrante de leur aventure humaine. Ce sont surtout des films qui s’inscrivent dans la réalité, faits d’instants volés, des films qui croquent la vie et qui nous permettent de nous en évader. « Summertime » est clairement de ceux-là. A la sortie de la projection, on a l’agréable sentiment d’avoir passé des vacances avec les personnages, d’avoir vécu le temps d’un film un mois de moments en apesanteur et que le temps s’est arrêté une fraction de seconde pour que l’on puisse vivre un doux songe. Quand les lumières se rallument on a envie que ça continue et on se retrouve face à la réalité, agrémentée d’un léger sentiment de nostalgie qui nous rend cafardeux. Comme au lendemain d’une belle fête en quelque sorte !
Pour tout dire, on est content du retour de Gabriele Muccino dans son Italie natale car ses films y sont bien meilleurs que lors de son exil outre-Atlantique. On se rappelle au bon souvenir de « Juste un baiser » et sa suite « Encore un baiser », chroniques italiennes pur jus, romantiques et passionnées, sur des trentenaires en crise. Bien mieux que ces films beaucoup trop sucrés qu’ont été « A la recherche du bonheur » ou les restés inédits mais pourtant all stars « Le Coach » et « Père et fille » tournés à Hollywood. Ici, la production est italienne mais le film se situe en grande partie aux Etats-Unis, ce film permettant au cinéaste un pont entre les deux pays. On y suit deux adolescents partis passer leur été à San Fransisco et accueilli par un couple de jeunes gays. Une fille, trois garçons, autant de possibilités… On n’est pas vraiment dans une bluette sentimentale trop sucrée au point d’être écoeurante mais plutôt dans la chronique pleine de justesse d’un été pas comme les autres.
Le film passe à une vitesse folle et on redemanderait. La caméra de Muccino sait se faire aérienne et se situe bien loin de fictions romantiques platement filmées. On a même droit à un long flash-back qui éclaire bien la psychologie de deux des personnages et les emmène loin des clichés inhérents aux gays. Un quatuor auquel on s’attache véritablement, en essayant de deviner ce qui va se passer entre eux et avec quelle combinaison. Mais on apprécie que tout cela reste réaliste et terre à terre, juste une période magique, une parenthèse enchantée pour quatre personnes qui vont s’apprivoiser et apprendre à s’aimer. On aime aussi que la conclusion soit plus amère que prévue mais au final bien plus perspicace qu’à l’accoutumée. Les acteurs sont épatants de naturel et en symbiose parfaite. Ce n’est peut-être pas un chef-d’œuvre mais certainement le film le plus doux et rafraîchissant de cet été. Une véritable bulle de bonheur qui ne demande qu’à être consommée.