C'est un teen movie plein de bonnes intentions, mais quand même horriblement guimauve, qui transpire une idéologie libérale-hédoniste des plus déplaisantes - parce qu'à San Francisco, tu 'ois, on est libre, on peut être heureux, on peut se réaliser, on peut être soi-même, d'ailleurs on va faire du yachting et de l'équitation et sortir en boîte, bref on va avoir des EXPERIENCES parce que c'est ça la vraie vie, où tout le monde il est beau, jeune et plein de fric, d'ailleurs si tu veux plaquer ton job de conseiller financier pour aller élever des chevaux et ben TU PEUX LE FAIRE, tu vois, et en un claquement de doigt, parce que c'est San Francisco, mec, ici, on n'est plus chez les ploucs du Kansas, et après on va tous se rouler dans le sable sous les palmiers à Cuba parce que C'EST CA LA VIE, c'est ça le bonheur et au fond de toi tu sais très bien que c'est de ça que t'as toujours rêvé, et d'ailleurs ça crève tellement les yeux qu'en même pas deux jours, eh ben, ton homophobie super cliché, paf, disparue, finie, il n'en reste rien, comment résister au charme de mon sourire et de mon doux regard aussi, ah la la c'est vraiment pas chouette la vie quand les gens sont méchants et intolérants, heureusement à San Francisco c'est pas comme ça.
D'ailleurs je ne sais pas quoi penser du fait que les acteurs (et donc les personnages) soient beaux. D'un côté, ça rend le film plus agréable à regarder. De l'autre, ça renforce encore le côté bêtassement idyllique d'un monde dégagé de tout problème.
Après, je ne veux pas non plus être trop sévère. Les rencontres, les amitiés et les vacances qui changent la vie, ma foi, ça peut exister - et sous prétexte que ce sont des expériences positives, il ne faudrait tout de même pas s'interdire de les représenter au cinéma. Il y a des moments où cette amitié fusionnelle à quatre, compliquée par des rapports amoureux pas tous réciproques et pas tous clairs, est véritablement émouvante, et le film, c'est au moins son bon côté, esquisse (mais sous couvert de vacances paradisiaques dans les Caraïbes...) une sympathique utopie des rapports humains. Reste que lesdits rapports perdent en crédibilité parce qu'ils n'évoluent pas, je trouve, au bon rythme, et parce que la psychologie des personnages (malgré un jeu assez fin du jeune acteur principal) reste un peu sommaire et mécanique.