Alors que son ébouriffant Nouvel ordre n'a toujours pas été montré dans les salles françaises, Michel Franco est déjà passé à autre chose, de moins trépidant, c'est certain, mais de très intriguant, avec comme à son habitude un parti pris narratif qui ne plaira pas à tout le monde. Il ne se passe rien de très marquant dans la première heure de Sundown, avec ce riche et taiseux citoyen britannique (Tim Roth, parfait) qui prolonge son séjour à Acapulco, se prélassant sous le soleil exactement et mexicain, avec des seaux de bière pour carburant. Notre homme est apathique et semble parti pour une longue retraite au grand dam de son aimante famille qui n'y comprend rien. Ce n'est qu'en fin de film, après quelques épisodes cette fois plus rythmés, que le long-métrage livrera sa vérité, non sans garder une part de mystère quant à la personnalité de son héros. Comme il a déjà montré auparavant, le cinéaste mexicain excelle dans la concision, se contentant d'à peine 80 minutes, là où nombre de ses confrères auraient étiré la trame jusqu'à deux heures, mais aussi dans une peinture sociale sous-jacente (Acapulco, à la fois paradis balnéaire et enfer de la violence, voir aussi le dernier roman de Jean-Christophe Rufin). Sundown est un film sur les choix de vie et sur la liberté individuelle, facilités, il est vrai, par l'aisance financière. Comme dans Nouvel ordre, il y a une profonde ambigüité sur le message qu'entend délivrer Michel Franco. Il serait plus juste de dire qu'il n'y en a pas d'imposé et que c'est à chacun de se faire sa propre religion.