Moins radical que le propos de L'étranger de Camus (= l'arbitraire de l'ordre social reposant sur des conventions morales aliénant l'individu), le film en emprunte suffisamment de motifs pour s'en réclamer (l'insensibilité au monde de l'antihéros, ici seulement apparente / le décès de la mère / la brûlure du soleil / le ressac ensanglanté / l'assassinat sur la plage / les représentations d'ordre fantastique / l'échéance de la mort...). Mais modestement, il s'engage dans une autre voie, moins profondément existentialiste, plus généralement politique, autour de l'absurdité mortifère de l'économie du monde. Probablement conscient, en secret, des jours qui lui sont comptés, le personnage rompt sciemment avec l'univers familial (puissants propriétaires dans l'industrie porcine), symbole des dynamiques capitalistes générant les injustices sociales, ayant pour conséquence l'extrême violence de la société mexicaine. C'est l'histoire donc d'une libération, d'un homme qui se réconcilie avec la vérité du monde, dans une forme d'hédonisme nihiliste, en s'affranchissant de l'univers toxique dont il est issu. L'éclipse du personnage n'est pas sans rappeler à sa façon Harry Dean Stanton dans Lucky Joe. 6.5/10