Les planètes chantent quand elles se déplacent
Le suneung est l'équivalent de notre cher baccalauréat en Corée du Sud, à la différence qu'il revêt un caractère quasi sacrée, tant son organisation est exceptionnel (sans déconner, le bac est de la gnognotte à côté).
Voilà pour le titre, et si en plus je vous dis que Shin Su-Won, la réalisatrice, est une ancienne enseignante, vous devinez tout de suite le cadre de ce film.
Tout démarre par la découverte du corps de Yoo-Jin, le "number one" de terminale. Et les soupçons des détectives vont immédiatement se porter sur June, son ancien colocataire dont on retrouve le portable à côté du corps. Seulement voilà, ce dernier à un alibi, et sitôt relâché va retrouver quelques camarades qui fêtaient leurs résultats. S'ensuit alors une prise d'otage à l'ancienne avec des bombes artisanales dont la couleur ressemble à de la soupe de Schtroumpf, et que June a bricolé lui-même (June est donc le preneur d'otage). Suit alors un flashback nous ramenant au tout début de la rentrée scolaire.
Pendant les premières minutes, on s'attend à assister un policier, tout ce qu'il y a de plus banal. Mais, sitôt la prise d'otage effectuée, on bascule alors dans le drame social et la dénonciation d'un système scolaire où seul la réussite compte. Alternant flashbacks et réalité, violence et poésie stellaire, le film (dont c'est le deuxième) de Shin Su-Won est une vraie bonne surprise.
Car oui, malgré un rythme un peu plombé par l'alternance flashbacks/réalité, Shin Su-Won rend là une copie tout à fait honorable. Le récit est intéressant à suivre et les acteurs font le job. À ce sujet, mention spéciale à Sung June, qui incarne Yoo-Jin, un personnage complexe et au charisme impressionnant.
Malgré un budget modeste (le film se déroule quasi-exclusivement dans le lycée), Shin Su-Won prouve une fois encore que le cinéma sud-coréen a de la ressource, et que c'est sans doute dans ce pays que se trouveront les perles de demain.