Sacré chemin parcouru que celui de James Gunn, consacré auprès du grand public par l’entremise de ses contributions au MCU (Guardians of the Galaxy) et chez DC (The Suicide Squad) : si l’étiquette super-héroïque s’impose d’elle-même, difficile toutefois de leur trouver une véritable parenté avec le trompeur Super, son second long-métrage. Injustement comparé à Kick-Ass, l’héritier de la révélation Slither prolongeait alors la signature féroce, référencée et graphique du cinéaste, d’ailleurs en reconduisant une part non négligeable de sa distribution.
S’il a bel et bien des points communs avec le hit de Matthew Vaughn, son traitement de la figure du super-héros relève davantage de la fonction que de la parodie pure et dure, Frank Darbo se masquant pour tromper son infortune chronique… et de telle façon se voiler la face, faisant de ses illusions des vecteurs de sacro-saintes quêtes. De facto, l’application de sa justice personnelle oscillera entre ridicule et brutalité consommée, une débauche de violence pavant une errance misérable peu encline à susciter notre empathie : et c’est là tout l’intérêt de ce récit étonnant, souvent propice à l’inconfort de ses spectateurs.
Les aventures de The Crimson Bolt soufflent ainsi le chaud et le froid, parsemées qu’elles sont de visions cosmiques absurdes et de rencontres tout aussi allumées. Une forme de jusqu’au-boutisme abîmant le propos initialement assez fin de Super, à l’image d’une Libby repoussant avec sauvagerie les limites du grandiloquent, terreau d’une fièvre ambiante n’ayant de cesse de s’accroître. À l’instar de son « contemporain » Dave Lizewski, le destin de Frank Darbo va ainsi s’emballer sans trop de surprise, premiers exploits, doutes tenaces et embûches s’enchaînant jusqu’à son ultime mission : le sauvetage de sa toxico de bien-aimée.
Un final en grande pompe où la violence atteindra son paroxysme, trépas en pagaille ponctuant des fusillades et autres explosions particulièrement sanguinolentes… sans distinction de camp. Une débauche un brin gratuite mais cohérente, Super ne s’étant jusqu’alors imposé aucun garde-fou : un parti-pris lui assurant une identité marquante quoique perfectible, le procédé perdant peu à peu de son efficacité et sapant donc la réussite de sa bataille générale. Heureusement, son véritable dénouement est autrement plus satisfaisant, si ce n’est carrément brillant car émouvant à souhait : s’il est globalement très « brut » dans son exécution, ce film porté par l’excellent Rainn Wilson mérite donc que nous nous y attardions.