Dur, dur pour un ancien cascadeur de s'imposer dans le fauteuil de metteur en scène et d'acquérir une certaine légitimité en la matière sans être passé par la case chorégraphe. Pourtant, c'est ce à quoi est parvenu Wellson Chin en l'espace d'une dizaine d'années. L'homme s'est d'abord affirmé comme un metteur en scène efficace de films d'action comiques tendance Girls With Guns (la série des Inspector Wears Skirts, Naughty Boys). Au début des années 90, Chin commence à trouver son réel domaine de prédilection avec des films fantastiques fourre tout où tous les publics sont susceptibles de s'y retrouver. Des œuvres typiquement Hong Kongaises et, avouons le, plutôt réjouissantes. Super Lady Cop est un film au croisement des deux genres dans lesquels Chin s'est illustré, quasi œuvre de transition d'une tendance à l'autre, il conserve les qualités (et les défauts) des longs métrages signés par l'ancien cascadeur.
Le point de départ de Super Lady Cop est un sujet exploité à foison par le cinéma Hong Kongais : Celui de l'émigration illégale en provenance de Chine Continentale. De la série des Long Arm Of The Law au All For The Winner avec Stephen Chow, ce type de sujet a connu à peu près toutes les variations possibles. C'était sans compter sur l'imagination débordante de Lam Chiu Wing (déjà auteur d'un cultissime Gods Must Be Funny In China) et Lam Kee To qui ajoutent à cette configuration banale une idée de génie : Les immigrés en question sont des androïdes ! Il fallait y penser ! Evidemment, avec un tel twist génial, il ne faut pas s'attendre à un traitement trop sérieux. Wellson Chin n'a aucune difficulté à se mettre au diapason et adopte une réalisation où c'est le rythme qui est privilégié, dans un enchaînement non stop de scènes comiques débiles et d'action ultra exagérée.
Question humour, c'est moins le script que la manière dont les acteurs interprètent les personnages qui assure l'essentiel des rires. Lam Chiu Wing et Lam Kee To ne font que réutiliser une des grosses ficelles de bon nombre de comédies, à savoir l'amnésie temporaire d'un des personnages principaux (Cynthia Khan en l'occurrence). L'occasion d'offrir quelques séquences de redécouverte de la vie simple riches en gangnantise et clichés en tous genre. Heureusement, le casting sauve la mise. Et en premier lieu, Athena Chu qu'on avait alors rarement vu aussi excitée. La jeune femme en fait des tonnes en matière de grimaces et d'expressions outrées, bien aidée par les fringues de gamine et le skateboard qu'elle arbore constamment. Une telle énergie ne peut qu'emporter l'adhésion et les sourires. Elle trouve un partenaire idéal en la personne d'Alex Man. On savait l'homme enclin au surjeu ce qui, dans des polars ou drames pouvaient s'avérer franchement agaçant. Mais dans le cadre d'une inoffensive comédie et au vu de son personnage (un officier de police un peu couard), ses excès sont appropriés et font mouche à plusieurs reprises (voir la séquence où il sort nue en pleine rue). Face à cet étonnant duo, Cynthia Khan est un cran en retrait. Rien de vraiment étonnant, l'actrice n'a jamais été une grande comique. En faire une neuneu pendant un temps via la bonne vieille amnésie de service est grossier mais finalement assez approprié eu égard aux capacités de la jeune femme en matière de comédie. Ce n'est qu'ainsi, dans le cadre d'un personnage naïf et aux expressions simples (en gros, la surprise, l'émerveillement ou la moue boudeuse), qu'elle peut déployer son meilleur. Que serait la comédie HK sans ses acteurs, on se le demande !
Niveau action, c'est l'habitué Alan Chui qui s'y colle. Étant donné les capacités hors du commun des androïdes, les combats et poursuites sont complètement exagérés. L'undercranking est utilisé à son paroxysme, le montage est extrêmement serré (un type de montage courant dans les petites productions fauchées) et les câbles et autres accessoires en mousse régulièrement de la partie. Une des influences affichées pour les affrontements est le fameux jeu vidéo de Capcom, Street Fighter 2, alors un gros hit à Hong Kong comme à travers le monde entier. Ce qui nous vaut Cynthia Khan en train d'effectuer une succession de coups de pieds tel le fameux « hélicoptère » de Chun-Li ou encore Chui Jing Yat se prendre pour Blanka lors d'une charge en roulé boulé. Pas vraiment de grandes performances martiales à se mettre sous la dent donc mais des séquences d'action qui compensent leur faible budget par une jolie inventivité (mention spéciale au combat le long du barrage) et une solide volonté de divertir. Une optique plutôt adaptée au métrage de Wellson Chin.
Fidèle à lui-même, Wellson Chin signe un long métrage aussi distrayant qu'inoffensif, sorte de version light du cultissime Big Deal.