J'opère, depuis la fin de mon année scolaire (moins d'une semaine lorsque j'écris ses lignes), un retour au cinéma et au visionnage des films qui m'a permis de me renourrir d'images, de propositions cinématographiques pratique quand j'étais par mon implication mentale dans mes études condamné à n'en avoir qu'une cohérence théorique (en cause un manque de capacité à suivre plusieurs voix en même temps: travail théorique universitaire, micro retour au jeu vidéo, tentative de réalisation et volonté d'embrasser le cinéma dans sa globalité en en connaissant les auteurs radicaux majeurs).


Par ce retour, entre autre, j'ai pu voir 1 excellent film: Macadam Cowboy (1969, John Schlesinger) et deux bons films dans deux styles opposés: Minority Report (2002, Steven Spielberg) reposant sur une fluidité à toute épreuve et une efficacité qui dresse une sorte de mode d'emploi du blockbuster moderne et Beau is Afraid (2023, Ari Aster) tentative de mélange entre horreur et comédie noire, ultra hétérogène et fragmenté dans le récit et la mise en scène, qui pourtant ennuie peu au cours de ses trois heures. Ce retour au cinéma, qui me permet de me rendre compte que j'aime cette art, que j'en apprécie les propositions radicales malgré ma difficulté à voir des films pendant un temps et la confusion mentale que crée chez moi la pensée constante du cinéma (peu aider par un scepticisme puissant qui me fait douter de toute vérité générale ou de ressenti quant au cinéma), a aussi été l'occasion d'un retour à la critique après deux mois d'arrêt.


Si j'écris ses lignes ici c'est parce que je considère que Super Mario Bros le film (2023) ne présente aucun intérêt et que, bien que je vais tenter d'en développer une critique, il va être très difficile d'élaborer une analyse forte et pertinente de la mise en scène, ainsi mon ressenti et mes doutes de critique qui transparaissent dans cette ersatz de journal intime ou de micro essai théorique aura sans doute plus de valeur et me permettra de m'autoriser une liberté totale d'approche critique par rapport à lorsque je traite un vrai film (habituellement j'esquisse une chose personnelle pour créer un entrée douce dans une critique analytique qui essaie de s'attarder un maximum sur la mise en scène d'un film, ce qu'elle évoque, à quoi on peut la comparer et ce, parfois, avec un traitement quasi chronologique plutôt qu'un enchaînement de superlatif et de remarque d'ordre émotionnel concernant l'appréciation ou non d'un film).


Pour retourner à mon rapport à la critique, j'ai pu la pratiquer de façon très prolifique pendant un an avec comme mot d'ordre: "un film vu = une critique" permettant ainsi, avec une soixantaine de critique de m'exercer à l'analyse filmique, d'essayer de bien écrire (j'ai foutrement aucune idée de ce que ça veut dire puisque je lis peu de livre, je remarque simplement que j'ai tendance à faire des immenses phrases à rallonge) et, surtout, de conserver une trace de ce que j'ai vu pour mes études et par volonté personnel car je déteste la sensation d'avoir vu un film mais de ne pas être capable d'en parler avec sûreté (c'est le cas de tout ce que j'ai vu durant l'enfance puisque je n'avais pas une connaissance précise de la mise en scène). J'ai l'impression d'avoir changer de manière d'écrire au fil de mes critiques tout en gardant une constante, qui s'est affiné, toujours parler mise en scène, à cela c'est ajouter, selon ce dont je me souviens, à partir de ma critique sur Norma Rae (1979, Martin Ritt) - dont j'ai longtemps été assez fier puisque je combinais une concision, un propos de fond sur le placement du film par rapport au Nouvel Hollywood et une pléthore de comparaisons avec des films éminents de ce mouvement - le gonflement de la critique d'un film avec un plaisir de la citation, de la digression dans la façon dont elle me permet de m'éloigner du sujet, du film même que j'ai peur d'aborder par peur d'un manque de matière ou de pertinence, chose qu'on ressent à la lecture de ma critique de A bout de course (1988, Sidney Lumet) ou de Jumpin' Jack Flash (1986, Penny Marshall), pour des raisons différentes. On arrive enfin vers une tendance légèrement nouvelle actuellement avec la méthode dite du "gros pavé analytique" pour traiter des deux derniers films que j'ai vu (le film de Schlesinger m'ayant forcé par sa fluidité de situations qui m'empêchait de les discerner clairement, a me contenter d'un descriptif de la première séquence et de la dernière relié au milieu par un court descriptif de la tendance global à l'œuvre dans le reste du film) c'est à dire m'appuyé sur un brouillon de départ où j'écris les scènes ou axes marquants du films avant d'y associer ce qui m'intéresse stylistiquement et de relier cela à une grande idée qui pourrait en s'agglutinant aux autres formés la sortie de la critique pour motiver un avis et un catalogage esthétique de l'œuvre. Si cette forme de critique peut sembler forte, et elle me satisfait assez, elle occasionne toutefois des heures d'écriture et procure des doutes: Comment est elle perçu au final ? S'agit il vraiment d'une critique ou bien d'une agglomération d'éléments d'analyses disposé de façon chaotique par une résonance du film avec d'autres références ? Le résultat est-il satisfaisant, en comparant ma critique de Beau is Afraid avec d'autres elle semble prendre la forme du reflet de mon indécision quand ailleurs les critiques défendent une vision précise qui éclaire le lecteur.


Je pensais ainsi, que ce film devant lequel je voulais seulement passé un bon moment et que je regrette d'haïr autant, serait l'occasion de m'essayer une nouvelle fois à une forme plus concise mais il semble que j'en ai finalement décidé autrement.


Si Minority Report (2002, Steven Spielberg) présentait pour moi un visage heureux du blockbuster qui mêlait dans de grands mouvements brins de dystopie et de thriller avec un sens du spectacle convaincant mais faisant poindre des tensions sur le domaine artistique (bien que séduit par son déroulé, je regrettait un manque de radicalité), le film Mario en présente la version la plus atrophiée qui brasse du vide sur une heure et demi qui semble 30 min en terme de fond et 2h30 en terme d'erreur de rythme et de lourdeur (de gags, de référence, de musique). Chez Spielberg, on voyait dans ses scènes de spectacles une façon de divertir le spectateur tout en offrant une parenthèse (grandiose tout de même) avec les enjeux principaux, dans Mario tout enjeux à disparu et on n'a qu'une suite de parenthèse de divertissement dans une fluidité et un aspect visuel mais exemplaire (les séquences de kart, de parcours au royaume champignon ou pendant l'entraînement) qui lasse malheureusement extrêmement vite tant elles sont seuls à occuper le champ du film.


Le pêché originelle du film se trouve dans sa manière de gérer le rythme et dans une écriture catastrophique qui annihile tout sentiment du spectateur envers les vecteurs de l'action (Mario, Toad, Peach, DK Kong), cette perspective est d'ailleurs stressante pour qui envisage dans cette critique un cinéma expérimental sans enjeux de personnage très prégnant, le poussant à aller chercher ce qui diffère entre les deux mais pouvant sans doute les différencier sur la radicalité de la proposition esthétique en opposant la lisseur des poursuites et de l'action d'un Mario avec quelques choses de plus étranges, de plus explosif à l'œil dans ces œuvres qui leur permettrait de garder quelque chose de brillant en rejetant ce que le film Mario rejette, plus par un énorme manque de talent. Le doute passé, ce qui fait la violence du visionnage c'est la totale inexistence des personnages et des relations entre eux, pourris dès les cinq petites minutes sur la vie de Mario à Brooklyn qui tombe tellement vite dans le gag et la petite référence, qu'elle sabote l'enjeu de la relation de Mario à son père et sa famille qui n'existe pas dans le film et qui rend tout ce qui s'y passe entièrement factice, la dignité du récit du film se brisant absolument dans une séquence de 15s dégelasse où DK sorte de personnage de crâneur lobotomisé se plaint de son père avec Mario et de la façon dont il n'est pas seulement un singe qui tape sur des trucs, pourquoi nous imposer pareil moment de gène quand le metteur en scène, producteur, décideur est incapable d'accorder à chaque personnages plus d'une minute de fond dans le film ? Cette instant suspendu de misère dans l'écriture se retrouve évidemment partout dans le film dans la relation de Mario à Toad, les autres moments de rivalité avec DK ou encore la quête de Peach (expédié en quelques dialogues pour intégré Mario et Toad avec elle, en faisant s'enchaîner des situations de fan service sans consistance comme le passage chez DK (1/4 du film) ou les séquences en Kart. Ce vide des personnages nous fait regretter d'autres productions médiocre (en terme de qualité et d'ambition) qui adapte du jeu vidéo avec un rythme trop frénétique et mal géré comme les films Sonic (2020) et Sonic 2 (2022) de Jeff Fowler qui malgré une certaine faiblesse avait au moins la décence de faire des personnages un minimum lié entre eux dans de minuscules moments de pauses dans le récit (inexistant dans Mario et alimentant son aspect publicitaire par le rythme) comme avec l'aspect Buddy Movie du premier ou la séquence où Tails utilise ses queues comme couverture pour Sonic montrant par le visuel une proximité entre les deux alors que leur relation était amené de façon pourri comme pour Toad dans le film Mario par exemple.


Si j'ai pu laisser entendre, que les dialogues et les relations entre personnage n'étaient pas nécessairement le point fort du film, c'est aussi le cas des gags qui m'ont laissé entièrement hermétique (à l'exception de quelques dialogues de l'étoile bleu, ou de Bowser écrasant les doigts de son allié) avec ses ralentis pétés, la chanson de Bowser qui aurait pu fonctionner mais qui souffre d'une traduction aléatoire et d'un espace de 20s pour se déployer qui la rend comme tout le reste du film inopérante ou les dialogues aléatoires (il ne me vient en tête malheureusement que l'intervention de l'étoile bleu lors du générique que je qualifierai de façon euphémisante d'énorme flop).


Si j'avais émis plus haut la volonté de m'éloigner d'un style émotionnel pour parler de film, force est de constater qu'ici je m'y suis laissé aller (même si j'essaie de conserver une touche de fond en expliquant comment la gestion du rythme du film le condamne à son résultat final) et je m'en vais finir sur son mauvais goût en matière de gestion de la musique qui alterne entre réorchestration de la musique originale du Mario symptomatique de la gestion du tempo du film c'est à dire massacré par touche de 10s et user conceptuellement jusqu'à la moelle comme un easter egg répétant le procédé une dizaine de fois (là où ce genre de chose peut faire sourire quand on est surpris ou quand le moment est adéquat, par exemple la réinterprétation du générique en français de l'anime éponyme dans Nicky Larson et le Parfum de Cupidon

(2019) de Phillipe Lachau qui n'est pourtant pas nécessairement le plus grand virtuose de sa génération mais qui parvient à mieux gérer son adaptation que Nintendo et leur 100 Millions de dollars de budget) ou entre usage des musiques les plus clichés des 1980's (Take on me, I need a Hero, Mr Blue Sky, Thunderstruck) utilisé n'importe comment dans les séquences de spectacles du films qui suit d'ailleurs un ensemble de péripétie tout aussi balisé (entraînement, personnage kidnappé, rivalité avec défi à surmonter pour obtenir de l'aide, mariage déjoué et final shonen où un personnage inexistant, Luigi, dépasse sa peur).


Aussi agréable visuellement qu'inopérant cinématographiquement ou narrativement, sans doute un des blockbuster les plus détestables de 2023 se payant en plus le luxe de cumuler à l'internationale près d'1 milliards de recettes pour le féliciter d'être incapable d'égaler dans le récit les productions grands publics les plus médiocre, amenant sans doute à la mise en chantier d'une suite dans très peu de temps, mais cette fois, avec Yoshi,


Génial.



KumaKawai
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le 30 avr. 2023

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KumaKawai

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