L’analyse de votre serviteur :
Je pense que les quelques (soyez bénis) personnes qui lisent régulièrement mes chroniques se doutent déjà de ce que j’ai à dire sur Supercondriaque : c’est plus con que super, c’est du vu et revu, la barbe de Kad Mérad m’exaspère, j’en passe et des meilleurs. Las, messieurs, mesdames, vous avez tort. J’ai beaucoup aimé Supercondriaque et chose rare, j’en reprendrais mieux un morceau.
Pourtant, ici (les moulineaux), dès les premières minutes, je me sentais agressé. Le film commence en effet sur une intense violence visuelle et sonore. Ça crie, ça bouge, la caméra tremble, la lumière est vive. Je me suis dit que ça allait encore être un film qui agresse le spectateur, et que finalement Supercondriaque était une invention subliminale des fabricants d’aspirine, à la manière de Spring Breakers qui tentait de nous vendre du LSD sous couvert de jeunes filles suçant des pistolets.
Mais très vite, le film s’est calmé pour s’installer dans une sorte de routine. Bienvenue chez les Chtis le retour à Urgences en quelque sorte. On se retrouve alors dans tout ce que la comédie française a de plus mauvais (la comédie française en minuscules, Pierre Niney étant tout ce que la Comédie Française a de plus mauvais) : des gags pour le gag qui s’enchaînent, des scènes surréalistes, des blagues pas drôles…
Mais petit à petit, j’ai changé d’avis. Le film devenait non seulement drôle mais très bien trouvé. La première scène qui me fit changer d’opinion fut ainsi celle du premier vrai rendez-vous Attractive World. Je commençais à vraiment apprécier le film, et la suite était de mieux en mieux. Puis d’un coup, le coup de génie, il s’est passé quelque chose. Ca a l’air de peu comme ça mais notez que placez l’élément déclencheur de l’intrigue au milieu d’un film est quelque chose de fondamentalement rare, surtout dans le comique français. Et de mon point de vue, ça a très bien marché.
Cette nouveauté relance totalement le film, on découvre une nouvelle histoire, des gags qui diffèrent de ceux du début, des nouveaux personnages, bref, on reprend le plaisir qui semblait devoir nous fuir pendant la deuxième heure du film.
Pour le reste, je dirais juste que Supercondriaque est un film à voir. J’ai trouvé, chose rare, Kad Merad très crédible dans son rôle de docteur humaniste, et chose encore plus rare, Dany Boon fantastiquement juste dans un rôle taillé pour lui avec deux facettes toutes aussi drôles et touchantes, chose rare, l’une que l’autre. Alice Pol démontre un grand talent, elle est née à la Réunion mais on la croirait marseillaise tant elle est belge.
Le film a bien évidemment de nombreuses faiblesses, comme toute comédie qui se respecte se doit dans avoir si elle veut créer du déséquilibre dans l’histoire et s’en emparer par la suite, mais l’avancée du scénario sait les compenser, les seconds rôles sont au niveau, ce qui change de certaines comédies récentes (Vive la France, si tu nous regardes…), la bande son est très bien aussi, bref on s’amuse beaucoup.
En résumé j’ai passé un excellent moment et je ne peux que recommander la meilleure comédie française depuis longtemps, rien que parce qu’elle est plus originale que les trois frères, plus drôle que Guillaume et les garçons (sans déconner, cinq césars ???) et plus intelligente que Les Seigneurs.
La morale : On peut rire de tout si c’est bien amené. La scène totalement surréaliste qui se passe en ex-Union Soviétique est la plus drôle du film alors qu’elle avait tout du casse-gueule total, qu’elle risquait de rentrer dans les clichés comme un obèse dans un Mc Donald, et pourtant elle est extraordinaire de justesse, parfait équilibre entre tragique et comique (vous avez dit tragicomique ?)
La mention du critique : A Attractive world. Si ce genre de sites n’existait pas, il faudrait l’inventer juste pour pouvoir en rire. Le célibataire trichant sur son profil est un personnage avec tellement de potentiel comique que j’attends avec impatience de le voir bientôt réutilisé.