Sam et Tusker forment un couple heureux depuis des années. Mais Tusker est atteint d'une maladie grave qui lui fait perdre la mémoire, obligeant Sam à surveiller ses moindres faits et gestes. Dans leur camping-car, ils prennent la route pour rendre visite à leurs proches et aux lieux qui ont scellé leur amour... Supernova est un road-trip mélancolique avec un couple homosexuel vieillissant, qui s'empare de la thématique de la démence, à l'instar du récent The Father ou du puissant Still Alice. Via une structure classique et minimaliste, où les paysages d'automne du Nord de l'Angleterre défilent, le réalisateur Harry Macqueen met l'accent sur les moments de pause et de réflexion de ses personnages, transformant des "petits rien" en trésors du présent... Les dialogues sont longs, tantôt quotidiens, tantôt poignants et n'omettent pas une touche d'humour et un grand romantisme. Le sujet principal est risqué, complexe et tabou : comment accepter la dégradation de notre corps ? Comment avancer malgré la maladie et la mort ? Peut-on décider d'en finir soi-même et dire adieu aux êtres qui nous sont le plus cher ? C'est avec pudeur qu'on effleure ces problématiques car les sorties de route de Tusker ne sont jamais mis au premier plan. C'est au coeur du récit, certes, mais c'est à peine si on entrevoit la terrible maladie. Le plus important, c'est la relation inébranlable d'âmes soeurs figurée par les remarquables Stanley Tucci et Colin Firth. D'une sincérité et d'une tendresse folle, cette relation entre deux hommes fait beaucoup de bien à voir car elle n'est représentée que par le filtre strictement amoureux, sans devoir passer par les cases "rapports sexuels débridés" ou "relation compliquée"... Ça change ! En contemplant le ciel et ses constellations, ils apaisent leur urgence d'un adieu soudain. Le temps semble s'arrêter tandis que l'inavouable se fraie un chemin sans retour. En bref, Supernova illustre le dernier élan de vie d'un idylle percé à vif, et ce, sans se laisser envahir par un pathos facile...