The Hallelujah Trail

Qu'est-ce que je préfère comme titre ? L'original ou celui des distributeurs français ? Ben, pour une fois, je trouve que le titre français n'est pas si mal choisi. Plus neutre. Un poil menteur mais j'anticipe.

L'histoire est assez délirante puisqu'une ville minière au Colorado risque la pénurie de whisky à l'entrée de l'hiver. Horrifiés, les citadins se mobilisent pour faire approvisionner la ville, toutes affaires cessantes. Une ligue de femmes contre l'alcool s'élève contre ce convoi de la honte et part pour l'empêcher d'arriver. La cavalerie est requise pour protéger le convoi. Les indiens, toujours assoiffés, s'invitent pour profiter de l'aubaine de ce convoi qui doit traverser leur territoire. Sturges, sur ce scénario, un peu minimal, il faut bien dire, monte un film qui, pendant 2 h 30, est une sorte d'épopée où tout ce beau monde va se retrouver au milieu du désert dans un bel imbroglio où toutes les parties veulent tirer leur épingle du jeu.

Il y aura notamment une bataille générale au milieu d'une tempête de sable où personne ne se voit mais où tout le monde tire sur tout le monde sans jamais atteindre qui que ce soit, ce qui est un véritable défi à la statistique.

Bon, on aura compris Sturges nous a fait une sorte de western parodique et non violent où tout le monde s'en donne à cœur joie pour transformer son personnage en quelque chose de ridicule. Ce film me fait étrangement penser au "Grand McLintock" de McLaglen qui avait été tourné deux ou trois ans auparavant. Les deux films sont d'ailleurs très longs et auraient, de mon point de vue, gagné à être raccourcis. Ici, vue la "simplicité" du scénario, on aurait pu facilement réduire le film à 90 minutes sans que le film en souffre, bien au contraire. Pourtant Sturges ne démérite pas en termes de mise en scène où il y a de belles scènes d'action, des chevauchées de chariots, le tout dans des paysages assez grandioses et typiques du Colorado, le tout accompagné par une belle musique. Certaines scènes sont amusantes où Burt Lancaster dans le rôle d'un colonel tout rigide à l'extérieur mais qui fond comme un vieux caramel quand il s'agit de sa fille et de ses incartades. Alors quand il est dans son bain, tout gêné face à une déchainée présidente de "la ligue pour la tempérance" (Lee Remick), on sourit bien sûr. Un des personnages que j'ai préférés, c'est Donald Pleasance dans le rôle d'un vieux trappeur, oracle au service de ses concitoyens de la ville minière dont la capacité de divination s'accroit au fur et à mesure de l'ingestion des verres de whisky.

En conclusion, c'est une parodie de western où on peut se dispenser de réfléchir, où on sourit de temps à autre sans trop dérider le nerf zygomatique mais où on finit quand même par trouver le temps long.