Harper's bazar
Je ne sais plus du tout pourquoi ce sagouin de Pruneau a réussi à me refiler ce film la dernière fois que je suis passé chez lui, mais bon, du coup, j'étais tombé sur deux trois images assez...
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le 3 août 2012
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Dario ARGENTO voilà bien un nom qui revenait régulièrement à mon attention, tant et si bien qu'il était évident qu'à un moment je devrais m'y confronter, mais pour tout avouer j'avais en raison des bribes d'informations concernant son cinéma, peur d'un cinéma marqué par l'outrance, par un grotesque, un esprit de grosse farce exubérante, kitsch et marqué par un mauvais goût assumé mais pour lequel je trouve personnellement rapidement les limites entre le supportable et l'indigeste, une frontière très floue et fluctuante mais qui selon moi ne pardonne pas sitôt franchie.
Ayant récemment acquis un exemplaire en dvd du film de lui qui apparemment constitue son œuvre phare, je décidais hier soir d'enfin rencontrer ce cinéaste et son univers. J'ignore s'il s'agit de la meilleure porte d'entrée, ni même si ce film est vraiment représentatif de sa filmographie, mais à dire vrai je m'en fous. L'expérience m'a assez marqué en termes positifs pour avoir envie d'en découvrir d'autres et advienne que pourra.
L'histoire en elle même est assez classique, une jeune fille se retrouve dans un lieu, caractérisé par une architecture et un décor évoquant les grands décors flamboyants et grandioses des opéras de l'école italienne, où le baroque côtoie le rococo, où les tentures et rideaux marquent les différents lieux, et dans ce lieu, ici une prestigieuse académie de danse, surviennent des faits étranges, suspects, inquiétants, surnaturels ou du moins échappant à l'analyse cartésienne, des sorcières seraient à l'œuvre en secret en ces murs.
La narration n'offre rien de particulier et la mise en scène semble même la considérer comme secondaire et accessoire et absolument pas élémentaire à son projet, lui préférant une approche basée essentiellement sur le ressenti du spectateur, d'une extrême sensorialité, c'est par le jeu des couleurs, des diffractions et autres déformations de l'image, de l'ambiance sonore qu'elle soit celle des sons diffus qu'on a du mal à identifier ou la musique stupéfiante de Goblin - groupe que pour le coup je connaissais et que je ne suis pas surpris de retrouver ici - tout concoure à plonger le spectateur dans un état d'angoisse sourde, puis d'effroi.
Le tout sans jamais montrer une quelconque entité, un monstre qui nous permettrait de relier les quelques mises à mort violentes, extrêmement graphiques, confinant à une sorte de gore outrageux qui ponctuent le film.
Ce sont des bruits d'ailes d'une harpie féroce, des ombres fugaces que notre imaginaire associe volontiers à un essaim de sorcières sur leurs balais en route pour commettre un acte sanguinaire, une respiration animale dont la source cachée par un voile tant de pudeur que de mystère éveille de troublantes angoisses, des pas aux destinations confuses.
Dans sa façon de jouer ainsi le hors champ, laissant libre court à l'imagination du spectateur de construire mentalement la ou les créatures impliquées, le film m'a fait penser, dans une veine plus minimaliste, moins dans le grandiloquent, mais assez voisine dans cette ambiance terrifiante, car laissée à notre imaginaire, installée par petites touches à un des films qui m'a le plus foutu la frousse de ma vie, Le Projet Blair Witch (1999) les deux partageants également le fait de dévoiler l'entité quasiment de façon subliminale ou du moins pas dans son entièreté, lui conférant là encore un absolu pouvoir d'effroi.
C'est un film à l'esthétique puissante et marquée, mais qui laisse à la subjectivité et la sensibilité de chacun le champ pour y projeter ses propres névroses, ses peurs enfouies les plus profondes, une approche qui sur moi a beaucoup plus d'impact que la figue opposée de l'exercice du film d'horreur qui consiste à nous montrer la chose monstrueuse en pleines lumières abolissant alors mon imaginaire.
Je pourrais évoquer toute la symbolique dans la progression de cette jeune fille dans cet enfer irisé et irradiant, cette sensation de légère euphorie, vers le statut de femme émancipée, libérée y compris de ses craintes primales, mais à l'instar du thème du récit, je le trouve lui aussi secondaire au reste.
Film flamboyant, éprouvant par son approche épidermique de la crainte puis de la peur qu'il distille par ses artifices de mise en scènes, outrancier parfois, mais pas tant que ça finalement, une rencontre avec l'univers d'un cinéaste qui m'enthousiasme et vers lequel j'ai hâte de revenir.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Ma collection personnelle par ordre chronologique, Les meilleurs films de 1977, MON ANNEE 2023 EN CINEMA, FILMS VUS POUR LA PREMIERE FOIS CETTE ANNEE., Watzefuk ! et Les meilleurs films d'horreur des années 1970
Créée
le 26 sept. 2023
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