Marguerite Duras n'aimait pas beaucoup sa pièce, Suzanna Andler, ce qui prouve qu'elle n'avait pas si mauvais gout. Au contraire de son assistant de cinéma dans les années 70, un certain Benoît Jacquot qui la trouvait remarquable. Le même qui aujourd'hui a jugé bon d'exhumer cette œuvre plutôt oubliée pour en faire un spectacle (?!) cinématographique. C'est du théâtre filmé et ma foi, pourquoi pas, ce n'est pas nécessairement une condamnation à trouver le temps long. D'aucuns s'extasieront peut-être sur la langue durassienne mais elle semble bien désuète en l'occurrence, au service d'une intrigue d'une pauvreté sans nom. Essayez donc de plaindre cette quadragénaire au mari richissime mais souvent absent et couvert de maîtresses. Suzanna a bien pris un amant, de guerre lasse plus que par passion, et traîne son spleen méditerranéen en contemplant la mer et en s'ennuyant presque autant que les spectateurs vite gagnés par une torpeur qui pourrait se transformer en sommeil. La mise en scène de Jacquot fait montre d'une certaine élégance et Charlotte Gainsbourg et Niels Schneider s'escriment à ne pas se laisser submerger par l'abondance de dialogues signifiants. Sans excès de conviction, il faut bien le dire. On ne saura jamais si Duras aurait aimé cette adaptation monotone et assommante mais le plus probable est que, vraisemblablement, non.