Swallow est un petit bijou esthétique. Les plans colorés contrastent avec l'absence de vie autour d'Hunter.

L'horreur est subtile, elle émane dans un premier temps de la bonne éducation, des règles sociales, de "vouloir le bien de l'autre" qui empêche tout échange sincère. Dans un second temps, on comprend qu'Hunter assèche sa vitalité pour plaire a l'autre dans une préoccupation inconsciente de réparation. Elle s'empêche d'exister réellement.

La souffrance d'Hunter, pourtant flagrante, est déniée par tout le monde : Hunter elle-même, son mari et sa belle mère qui cherchent a gommer ce qui vient les déranger. Alors le symptome s'intensifie, le contrôle qu'elle excerce sur elle-même pour rentrer dans les cases bourgeoises de sa belle-famille renforce d'autant sa compulsion à se blesser.
Hunter s'objectifie, donc elle gobe des objets puisque c'est à cette place qu'elle se met. La grossesse vient faire barrage à la façon qu'elle a trouvé pour exister, cette vie en elle bouscule le carcan de mort dans lequel elle évolue. En meme temps que ce symptome (le pica) vient souligner l'ambivalence de la JF à avoir un enfant. La difficulté de penser cette maternité prend ses sources dans les difficultés de sa propre mère lors de la grossesse d'où est née Hunter. Le film est beau en ce qu'il souligne l'importance de mettre des mots sur sa propre histoire et d'y trouver du sens. Le film est fin, sans insistances psychologisantes.

Le Syrien est le seul personnage qui n'ira pas dans son sens et ne sera pas dans une séduction de façade avec elle. Son "parler vrai" permet à Hunter de prendre de l'épaisseur, de se décoller enfin du désir de l'autre. Elle s'irrite de lui et non plus en incorporant des objets. Sa présence intrusive au début se revèle salvatrice. Il est présent pour Hunter, l'empeche de se faire du mal mais ne lui dicte pas le comportement a avoir et soutien ce qui émerge de subjectivité chez la jeune femme.
 
Le film se conclue sur un avalement (?) signifiant à la fois le premier choix subjectif qu'elle réalise et sa (re)naissance symbolique également. Détachée des mots et de l'histoire traumatique de sa mere dans laquelle elle était prise elle peut enfin penser par et pour elle-même sans avoir a vivre pour autrui.

QuennyTea
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le 25 mai 2022

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