Je ne sais pas si Lovecraft avait connaissance des travaux de ce cher Sigmund, en tous les cas il nous offre une belle illustration de son concept d'inquiétant familier.
Dans cette nouvelle la terreur et l'angoisse ne tiennent pas à ce qui est abominable en tant que tel (puisqu'on y est confronté que bien tardivement) mais plutôt à la progression de l'étrangeté qui évolue et englobe tout Charles sur son passage. Il est toujours présent, tout le monde en atteste, mais de minimes métamorphoses viennent entâcher le jeune homme tel que tous l'ont connu.
Outre cela l'histoire est polluée d'odeurs nauséabondes et de cris insoutenables : illustration franche et consciente de ce qui est insupportable dans le comportement du jeune homme. Car, du reste, le comportement de plus en plus déviant de Charles est minimisé.
L'impossibilité d'avoir une prise sur ces changements (tout comme sur le bruits et les odeurs) et l'incompréhension qui en découle sont ce qui structure magistralement l'angoisse.
Je passerai sur les richesses du vocabulaire, de l'imaginaire, des descriptions etc. J'ai été captivée par l'histoire presque malgré moi. Une fois commencé impossible de lâcher ce (petit) livre. Une seule obsession pour moi maintenant : en lire un autre.
Edit : Il semblerait qu'il ait bien eu connaissance de l'existence de Freud, celui ci étant mentionné dans Dagon. De plus l'inquiétante étrangeté est paru en 1919, ce qui laissait le temps à Lovecraft d'en prendre connaissance avant d'écrire et de publier l'ACDW en 41. Mais bien sur tout cela reste une hypothèse.
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