Encore une fois chez Tim Burton je partais avec de l'appréhension, tout ça à cause de certains avis pas toujours très objectif ni très constructif. Mais une fois de plus j'ai été totalement conquis, et une fois de plus dans un nouveau registre pour le cinéaste.
Nouveau registre oui, puisqu'ici, après quelques essais plus que convaincant dans Charlie et la Chocolaterie et dans Les Noces Funèbres, Burton se lance dans une pure comédie musicale. Et bon dieu ce que les musiques sont réussit.
Elles sont extrêmement présentes, c'est le genre de comédie musicale où les personnages s'expriment en chanson même pendant la plupart de leurs dialogues. Ce qui fait donc qu'il y en a énormément, mais pas une seule n'est mal écrite, pas une seule ne fait pas avancer le récit, elles sont toute pleine de dramaturgie. Il y a peut être seulement la phrase que répète approximativement 150 fois le personnage de Jamie Campbell Bower qui peut paraître insupportable, mais le reste c'est non.
Ce qui est d'autant plus fort, et surprenant je dois l'avouer, c'est que les interprètes sont tous au rendez vous. Des acteurs pourtant pas chanteurs, mais qui s'en sortent au minimum admirablement, pour la plupart ils sont même géniaux. Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Alan Rickman (mon dieu quel homme ! Qu'il repose en paix), Timothy Spall, Ed Sanders (qui joue le petit Toby), meme Sacha Baron Cohen mesdames et messieurs, c'est vous dire.
Sweeney Tod c'est aussi un matériel de base plus qu'intéressant. L'histoire de base est très riche, forte, elle aborde de nombreuses thématiques, la vengeance et la cannibalisme en tête (Fabrice Eboué se serait il inspiré de cette histoire pour son génial Barbaque ?).
Tim Burton tourne le récit de manière à ce qu'il soit dur, macabre, sanglant, finit les films pour enfant et les bons sentiments, pas de cadeau. La part de naïveté que l'on voit d'habitude dans son cinéma n'est quasiment pas là, à part avec le personnage de Jamie Campbell Bower et son histoire d'amour avec Johanna.
Plastiquement le film est parfait. Les décors Londonien de l'époque sont bien retranscrit, tout comme les costumes, la DA, la mise en scène, la photo, tout est maîtrisé. Ce n'est clairement pas le film le plus surprenant que Burton nous est pondu, visuellement parlant du moins, mais tout est si bien géré de sa part. Et comme toujours, il est accompagné d'une BO fabuleuse, une des meilleures qu'il a pu avoir. Les quelques passages où Burton s'essaye au montage dynamique, mettant en relation ce qui se passe à l'écran et les évolutions de la partition, sont très intéressant, et sont peut être la petite part de surprise de son film.
Sweeney Tod est aussi un film qui se repose sur des personnages complexe, répondant à l'atmosphère en place,: gothique, sombre, crade. Son personnage principal éponyme en est évidemment la pièce maîtresse. Un personnage trouble, au passé sordide, avec une part très sombre. Un homme ambiguë tantôt attachant, tantôt horrible, les 2 en même temps par instant, comme quand il chante son amour pour sa fille en tranchant des gorges en même temps, une séquence d'ailleurs brillante.
Un héros qui nous tiendra en haleine jusqu'à ce final digne d'une tragédie shakespearienne, mais qui m'a tout de même un peu déçu car je l'avais déjà deviné bien avant.
Mais bon, Sweeney Tod reste tout de même un excellent film, sans doute le plus sous côté de Tim Burton (son Charlie et la Chocolaterie l'est pas mal aussi). Une comédie musicale magnifique, puissante, profonde, macabre. Bref une totale réussite.