Un film qui commence par un suicide raté, on est toujours en droit de se demander si, au final, ce film, ce n'est pas une hallucination.
Swiss Army Man laisse planer vaguement le doute. Il demande au spectateur d'admettre. Que oui, ce que l'on voit est bien ce que l'on voit. Je comprendrais que pour certains, admettre ne passera pas. A ceux-là, Swiss Army Man ne sera qu'un essai d'absurdité sur fond de mièvrerie, une oeuvre sans vraie morale, sans vrai thème, bon, un film pour faire rigoler.
Pour ma part j'ai admis et j'ai voulu y croire très fort.
Un film ce n'est pas qu'un scénario, et Swiss Army Man le sait bien. Pour ces quelques jours égarés dans la forêt où il ne se passe pas vraiment grand chose, on a cependant de très beaux plans de forêt dans une réalisation très moderne, et surtout, grand point fort, des musiques intégrées dans la diégèse du film... Les personnages chantent, et nous entendons toute la musique.
Oh.
Se dessine une métaphore.
Manny apparaît lorsque Hank a abandonné tout espoir. Il est prêt à mourir, et un homme mort soudainement se trouve en face de lui. Il s'avère que cet homme mort possède des capacités qu'Hank n'a pas. Oui, il pète si fort qu'il peut se propulser tel un jet ski. Oui, il distribue de l'eau plate quand on lui comprime la poitrine. Oui, il a un compas-bite. Mais surtout, il est en quelque sorte vierge, en quelque sorte "libre", en quelque sorte plus vivant que Hank lui-même.
Compliqué sera le chemin pour Hank, le chemin du retour, qu'il devra effectuer littéralement en traînant un poids mort, jusqu'au moment où, une fois son périple terminé, il le laissera s'en aller; là aussi tout à fait littéralement.
Swiss Army Man ne perd pas de temps à trop filer la métaphore, et il peut lui être reproché de ne justement pas aller plus au fond des choses. A titre personnel, ça m'a convenu. Je n'ai pas pleuré (malheureusement, car j'adore pleurer devant un bon film), mais j'ai failli.
Surprise parce que je m'attendais à un film juste complètement con.
De vagues airs de Max et les Maximonstres (Where the Wild Things Are) de Spike Jonze : la forêt, la musique très orientée sur les voix, sur les clappements de mains, les contre jour, un ton à la fois léger mais très évocateur.
C'est un film à ce point dans le symbolique qu'on pourra aisément y repenser et coller certaines idées ou situations à d'autres moments du quotidien.
C'est bien.