Caden Cotard, metteur en scène de théâtre est sur le point de monter une nouvelle pièce, la pièce de sa vie. On découvre alors sa vie quotidienne, crument filmée, venant alors désacraliser ce personnage pourtant si tourmenté et unique. Malade, dépressif, abandonné par de nombreuses femmes, Caden sombre petit à petit, année après année, dans une solitude immense.

L’histoire semble banale mais elle ne l’est pas le moins du monde car très vite, la narration se complique et le récit se disloque petit à petit. Telle une histoire raconté par un vieil homme, le film recèle d’anachronismes, d’omissions plongeant ainsi un peu plus le spectateur dans le film, s’attachant à comprendre. Pour une fois, il n’est pas pris par la main, il est sollicité, car celui qui ne se concentrera pas devant ce film se perdra définitivement dans sa complexité.

Le temps passe à la manière dont le personnage le ressent. Ainsi certaines périodes s’éternisent, d’autres sont omises, d’autre encore de simples flashs. Le spectateur ressent ainsi l’état d’esprit de Caden, perdu à ses cotés dans les méandres d’une narration magistrale. Charlie Kaufman (le réalisateur) nous montre ici tout son talent de conteur d’histoire, s’amusant avec le spectateur, utilisant comme jamais les outils qui lui sont donnés pour donner corps à son univers complexe et torturé. Son film résonne alors comme la plus magistrale démonstration de folie, de détresse et de solitude jamais filmée.

Son personnage, porté par un Philip Seymour Hoffman impressionnant et juste, regorge de mélancolie, d’amour et d’incompréhensions. Comme perdu dans sa propre vie, il emporte avec lui le spectateur dans ses pensées, l’obligeant à observer et à chercher des explications qu’il ne trouvera jamais.

Le film est tellement chaotique que l’on comprend qu’il soit si peu connu du grand public; difficile de tout y comprendre, difficile de suivre la descente aux enfers de cet homme semblant pourtant si innocent. Ceci semble pourtant le prix à payer pour créer un chef-d’œuvre: accepter que tout le monde ne pourra l’aimer. Charlie Kaufman signe donc ici une œuvre personnelle et sincère, ce qui en fait sa valeur et son charme. Véritable réflexion sur la solitude, l’amour et la passion, Synecdoche, New-York est difficilement critiquable tellement il est personnel et confus. Je vous laisse donc tenter l’expérience par vous même et attend avec curiosité vos réactions.
SlimGus
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le 1 nov. 2012

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Gaylord G

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