On ne vit jamais un évènement isolé du monde, il y a toujours autour, un monde, une ville, des connaissances, le son du trafic, ou d'une musique lointaine, des passants et une suite infinie de causes et d'effets ayant amené ce moment présent etc. Revivre un évènement ou le mettre en scène implique naturellement de mettre en scène le monde dans lequel cet évènement a lieu. Un monde dans un monde. Mais si je souhaite à présent mettre en scène cette mise en scène qui est de même un évènement de mon existence, je fais un monde dans un monde dans un monde. Synecdoche, New York est justement ce projet sans fin, ce retour éternel sur le théâtre-monde perpétuellement dupliqué.
Loin d'être seulement un exercice de style, Synecdoche New York incarne la limite de l'art, à savoir qu'il n'est pas la vie, mais la représentation de celle-ci. Toute la vertu de cette représentation, est de révéler la vie comme un objet appréhendable, compréhensible, face auquel on peut se rêver un temps comme un dieu extra-temporel. Mais le monde tourne et le théâtre ne sera jamais suffisamment vaste.