La pierre de patience est ce caillou magique à qui on livre ses secrets intimes. La pierre gavée de nos confessions nous libère en explosant. Il est donc question ici de libertés gagnées par la violence et la parole. L’une est une guerre de libération menée par les talibans en Afghanistan contre le joug des mécréants. L’autre est le combat d’une femme contre sa pierre de patience, incarnée ici par un mari plongé dans le coma.
Cerise sur le gâteau, Syngué Sabour, à l’instar du Django de Tarentino, nous plonge dans les délices de la vengeance contre l’oppresseur. Ici point d’empathie dégoulinante en faveur des opprimés mais un lent réveil et une inexorable revanche prise sur le tyran. Le regard caméra final de Golshifteh Farahani en est l’apothéose. Les yeux malicieux et merveilleux de cette femme enfin émancipée nous affirment que la victoire contre l’obscurantisme bestial est inéluctable. Nous voulons bien la croire, croire que ce sont elles, par leur intelligence, leur sensualité, leur pugnacité, leur goût pour le bonheur qui gagneront cette bataille contre la domination masculine.
Je garde espoir. Il y a une trentaine d’années, j’ai eu la chance de partager l’intimité de musulmanes algériennes. J’ai remarqué que durant les fêtes traditionnelles, pendant que le clan des hommes s’emmerdait royalement à boire du thé et fumer des cigarettes, les femmes dansaient, chantaient et riaient en racontant des blagues graveleuses. J’ai pensé alors que les plus soumises n’étaient peut-être pas celles que l’occidental bon teint croyait.
C’était bien avant l’arrivée des barbus, avant cet ultime râle de la bête qui empoisonne notre quotidien. Ces abrutis se sont aperçus dans les années 80 que leur domination, ne reposant que sur leur frustration était en péril. Effrayés, ils ont remis au goût du jour de vielles sourates éculées, prétexté des guerres de libération et sont partis faire le djihad mondial.
« Quand les hommes ne savent pas faire l’amour, ils partent faire la guerre » dit la tante de notre héroïne. Je rajouterai les mots insolents de Michel Houellebecq
« L'islam ne pouvait naître que dans un désert stupide, au milieu de bédouins crasseux qui n'avaient rien d'autre à faire que d'enculer leurs chameaux.» Cette blague impertinente digne de Charlie résume bien les choses. Si la foi est respectable aucune religion qui soumet les femmes ne mérite notre respect.
Ce film qui connaît quelques lourdeurs est réalisé par l’auteur du roman éponyme prix Goncourt 2008. C’est donc un premier film dont on aurait aimé qu’il se dépouille de nombreux artifices qui, on le sent bien, sont là pour gagner le cœur du grand public.
C’est son aspect militant qui m’a touché mais je crois avoir été assez clair là-dessus.