La Shéhérazade des temps modernes.
Passé inaperçu la semaine dernière à cause des Césars, « Syngué Sabour, pierre de patience » est l’adaptation par Atiq Rahimi de son roman éponyme et prix Goncourt. N’ayant pas lu le livre, je ne comparerai donc pas les deux œuvres mais vous fait part de mon avis sur ce petit bijou sorti de nulle part, une révélation solaire et magique.
L’histoire se passe en Afghanistan, où une jeune femme s’occupe de son vieux mari paralysé et de ses deux filles. Le regain de tension dans la région pousse cette femme à s’installer chez sa tante et multiplier les allers retour pour voir son mari. C’est en faisant ces allers-retours qu’elle découvre en son mari, pour qui elle n’a que très peu de sympathie, un « Syngué Sabour ». Sa maladie fait de lui un exutoire, une sorte de boite à secret où elle peut se révéler mais surtout tout avouer.
Le film prend néanmoins du temps à démarrer compte tenu d’un style narratif particulier auquel il est difficile de s’accrocher. Mais au bout d’une vingtaine de minutes, le film s’envole, touché par la grâce et nous offre un magnifique moment de cinéma. Atiq Rahimi fait de son film un conte oriental, une sorte de « Mille et Une Nuits » des temps modernes, parfaitement maîtrisé et qui nous livre une série de rebondissements absolument passionnants. En Shéhérazade afghane, la conteuse raconte son histoire avec intensité et arrive à renouer avec le charme et l’érotisme oriental sans le faste et le luxe qui lui est souvent associé.
Pour finir, Golshiftheh Farahani incarne à merveille le rôle de cette jeune et sa beauté ravageuse incendie littéralement l’écran.