Après quelques jours de recherches intensives dudit film, et une excitation croissante à l'idée de voir enfin Patrick Sébastien œuvrer dans le septième art, vint cette belle soirée de printemps où nous pûmes enfin déguster ce chef d'œuvre tant attendu.
"T'aime" n'est pas un film mauvais sur le plan purement technique, le cadrage, les lumières et les mouvements de caméras sont convenables, les principaux soucis que présente cette réalisation sont davantage la crédibilité du propos, l'excès de pseudo-symbolisme, le rythme, les interprétations, et le choix musical (trois pistes seulement).
"T'aime" illustre – malgré lui ? - le regard que ce bon vieux Patrick porte sur le monde : l'Amour oublié, les fous maltraités, les asiles pleines de cas désespérés, les couples en déroute et les petits oiseaux qui chantent en pleine nuit… Il souhaite nous parler d'Amour, ce qui en soit n'est pas une mauvaise idée étant donné le nombre de bons films ayant été réalisés sur le sujet. Sauf que Patrick Sébastien est un présentateur/chanteur/écrivain puéril, et sa vision de ce qu'il se borne à nommer amour est ici aussi développée que l'est son récit, c'est-à-dire bien peu. De plus, il est un pari risqué que d'inclure son récit romantique dans un environnement restreint avec des protagonistes psychologiquement instables. "T'aime" se vautre gentiment dans le cliché de l'asile de fou, où cohabitent entre autres : Celle-qui-crie-toujours, Celui-qui-veut-aller-sur-la-Lune et Celle-qui-rit-pour-rien ; dirigé par un homme au grand cœur lui-même mal dans sa peau ("J'suis un vieux fœtus blasé"). Inutile donc de préciser avec quelle délicatesse le personnage de Zef est dessiné (le choix de ce diminutif illustre à lui tout seul déjà bien des idées douteuses), ou de chercher une tentative de documentation sur les traumatismes des femmes violées (pour la petite Marie qui ne parle plus et qui se déguise en prostitué, on repassera).
Patrick Sébastien, en fin écrivain (et psychologue), a cru bon de se nommer seul dialoguiste de son projet, d'où l'on tire de belles perles, qu'elles aient été travaillées (la tirade de l'amour sur l'épouvantail dans le champ qui n'attend que les oiseaux), ou simplement remodelées par l'interprétation désastreuse (Jean-François Balmer : "Au nom de l'Amour Ab-so-lu ?!").
Le plus beau dans ce film est sans aucun doute de se dire, à la toute fin du générique, qu'il a été réalisé sérieusement. Ô Patrick, que de pitié pour ces pauvres gens...