Tabou, laid ?
Si quelqu'un prétend ça, sachez que ce ne sont que des salades. Il y a une telle volonté, dans le film de Miguel Gomes, de faire quelque chose de différent, de décalé, que le film oscille sans cesse...
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le 20 mai 2013
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Titre énigmatique, affiche à tomber, avis plus qu'élogieux... Et bizarrement, aucune envie de savoir de quoi ça cause. Je tente donc l'aventure à l'aveuglette, et ça tombe bien : savoir qu'il vaut mieux ne rien savoir de Tabou, c'est déjà être trop averti de son aura mystérieuse. Car si le film ne se laisse pas apprivoiser facilement, à aucun moment il ne donne ce sentiment.
Il se laisse contempler, nous faisant croire qu'on se familiarise vite avec son apparence sans âge et ses élans romanesques. Il oblige à se laisser bercer, prend la forme d'un puzzle sentimental qui se reconstruit de lui-même, doucement mais sûrement. Puis il se fige et coule à pic avec ses mystères avant de les laisser émerger, un à un, avec la patience d'une énigme centenaire.
Tabou ne demande qu'à être vu sans pour autant se donner en spectacle, il invite à voyager sans donner de destination et se dérobe à nos yeux pour mieux nous en mettre plein la vue. D'un quotidien grisonnant et morose, il extrait une fresque passionnée, fiévreuse et solaire. D'un visage creusé par le poids des ans, il fait naître les souvenirs d'une vie entière, si éloignés dans le temps qu'on les croirait issus de la mémoire d'un mort.
Tabou a d'ailleurs la beauté funeste d'un dernier souffle, feignant la même dignité que celle d'un héros en exil. Mais au fait, de quoi parle ce film exactement ? Peu importe, il pourrait parler de tout, on l'écouterait des heures, comme au chevet d'un grand raconteur d'histoires qui aurait enfin décidé d'évoquer la sienne. Au fond c'est peut-être pour ça qu'on aime autant Tabou : parce que sans jamais le dire, il ne demande que ça.
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Créée
le 7 avr. 2013
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